Vous vous demandez si les sorties en extérieur valent l’effort logistique quand un proche vit en EHPAD. Vous n’êtes pas seul·e. En tant que Sophie Lambert, je vous explique pourquoi ces sorties sont bien plus que de simples promenades : elles améliorent la santé physique, l’humeur, la cognition et le lien social. Je vous propose des repères pratiques, des exemples concrets et des idées pour intégrer ces moments au projet de vie du résident.
Pourquoi les sorties en extérieur sont essentielles pour le bien-être des résidents
Les sorties en extérieur apportent une combinaison unique de bénéfices rarement réunis à l’intérieur : lumière naturelle, air frais, stimulation sensorielle et changement de décor. Ces éléments agissent ensemble pour favoriser le bien-être des résidents sur plusieurs plans.
Physiquement, la lumière du jour aide à réguler le rythme circadien : ça améliore le sommeil, l’appétit et réduit la somnolence diurne. Marcher, même lentement, stimule la circulation, renforce l’équilibre et maintient la mobilité articulaire. En terme préventif, des promenades régulières contribuent à préserver l’autonomie fonctionnelle — marcher 10 à 20 minutes, plusieurs fois par semaine, est souvent réalisable et bénéfique.
Cognitivement, le changement d’environnement et les stimulations sensorielles (bruits d’oiseaux, senteurs de fleurs, textures) sont de puissants activateurs de mémoire et d’attention. Pour des résidents atteints de troubles cognitifs, ces stimulations non verbales permettent parfois de retrouver des émotions, des souvenirs ou un apaisement immédiat. On observe fréquemment une diminution de l’agitation et des comportements répétitifs après des sorties en extérieur.
Psychologiquement, l’exposition à la nature réduit le stress et l’anxiété. Le simple fait de s’asseoir sur un banc, les yeux posés sur un jardin, peut diminuer la tension et améliorer l’humeur. Les bienfaits sont souvent visibles durablement : un résident plus serein après une sortie est plus disponible pour les activités de groupe ou la communication.
Socialement, la sortie crée des occasions d’échanges hors du cadre institutionnel : conversations avec un soignant différent, interactions avec des bénévoles, rencontres intergénérationnelles lors d’activités extérieures. Ce changement de contexte réduit le sentiment d’isolement et renforce le lien familial lorsque la famille participe.
En pratique, la fréquence et la durée s’adaptent au profil du résident : certaines personnes profiteront d’une courte promenade quotidienne, d’autres d’une sortie hebdomadaire plus longue. L’important est la régularité. Les sorties en extérieur ne sont pas un luxe : elles sont une composante essentielle du soin global, contribuant à la santé physique, cognitive, émotionnelle et sociale.
Effets spécifiques sur la cognition, l’humeur et les troubles du comportement
La littérature et l’expérience clinique montrent que les sorties en extérieur influencent positivement la cognition et les troubles du comportement, notamment chez les personnes atteintes de démence. Je vous partage ce que j’observe et les mécanismes en jeu.
La stimulation multisensorielle fournie par l’extérieur active des zones cérébrales impliquées dans l’attention et la mémoire. Les stimuli non verbaux — vent, parfum des fleurs, textures — sollicitent des souvenirs implicites et peuvent déclencher des épisodes de reconnaissance ou d’émotion positive. Un résident qui semble fermé pendant la journée peut s’animer, se rappeler un nom ou une chanson lors d’une promenade.
Sur l’humeur, l’exposition à la lumière naturelle augmente la production de sérotonine et régule la mélatonine : résultat souvent observé, une meilleure qualité de sommeil nocturne et une humeur plus stable. Les proches et soignants rapportent fréquemment une baisse des signes dépressifs après plusieurs semaines de sorties régulières.
Concernant les troubles du comportement (agitation, errance, agressivité), les sorties offrent une alternative d’apaisement : bouger, changer de lieu, respirer de l’air frais permet de réduire la tension interne. Des jardins thérapeutiques conçus pour les personnes âgées ont montré une diminution notable des épisodes d’agitation et une baisse de la consommation de psychotropes dans certains établissements. Sans prétendre à une solution unique, ces sorties s’inscrivent dans une stratégie non médicamenteuse de prise en charge.
Exemple concret : M. L., retraité jardinier, refusait souvent les animations en salle. Après l’organisation d’une sortie hebdomadaire au jardin, il a retrouvé l’envie d’aider pour arroser les plantes et a parlé volontiers de ses anciens potagers — son agitation a diminué et son sommeil s’est amélioré.
Conseils pratiques pour maximiser l’effet :
- Privilégier la lumière du matin pour les promenades ; elle est plus stimulante et moins fatigante.
- Utiliser des objets familiers (une écharpe, un panier) pendant la sortie pour activer la mémoire.
- Prévoir des pauses assises pour éviter la fatigue et favoriser l’observation.
Les sorties font partie des interventions non médicamenteuses les plus efficaces pour soutenir la cognition, stabiliser l’humeur et réduire certains troubles du comportement. Elles offrent un terrain d’action concret, adapté et personnalisé pour chaque résident.
Organiser des sorties sûres et adaptées : logistique, sécurité et adaptation individuelle
Mettre en place des sorties en extérieur efficaces demande une planification simple mais rigoureuse. Voici comment organiser des sorties sécurisées et adaptées aux capacités de chaque résident.
Évaluation préalable : avant toute sortie, j’évalue l’état de santé, la mobilité, le risque de chute et la tolérance à la chaleur/froid. Une fiche simple récapitulative (allergies, médicaments à prendre, problème cardiaque, matériel nécessaire) est indispensable. Elle doit être accessible à l’équipe et à la famille.
Sécurité et matériel :
- Chaussures adaptées et vêtements selon la météo.
- Canne/rollator si nécessaire, couverture ou chapeau selon la saison.
- Trousse de premiers secours et téléphone portable chargé.
- Planifier un itinéraire simple, éviter les pentes ou surfaces glissantes.
- Prévoir un accompagnateur supplémentaire pour les résidents à risque.
Durée et rythme : commencez par de courtes sorties (10–20 minutes) et augmentez progressivement selon la tolérance. Variez les formats : promenade, pause sur un banc, atelier jardinage, visite d’un marché local. L’objectif est la régularité plutôt que l’intensité.
Coordination avec l’équipe : l’implication des aides-soignants, infirmiers, animateurs et de la direction est nécessaire. Intégrez les sorties au planning hebdomadaire et inscrivez-les dans le projet de vie individualisé. La communication entre équipes (carnet de liaison) et avec la famille facilite la continuité.
Accessibilité et autorisations : vérifiez les autorisations nécessaires (sorties ponctuelles ou régulières) et documentez le consentement. Pour les résidents sous mesure de protection, respectez les procédures légales et impliquez le représentant légal.
Exemples de sorties adaptées :
Organiser des sorties en EHPAD est essentiel pour enrichir la vie des résidents et favoriser leur bien-être. En effet, des activités adaptées permettent non seulement de stimuler les sens, mais aussi de créer des liens sociaux et d’encourager l’ouverture sur le monde extérieur. Pour découvrir comment mettre en place des sorties variées, le guide « Organiser des sorties : montrer que la vie en EHPAD rime avec ouverture et découvertes » propose des idées concrètes et inspirantes.
Les micro-sorties, telles que l’ouverture d’une fenêtre, un moment sur le balcon ou un petit tour dans le jardin, sont particulièrement bénéfiques pour les résidents fragiles. De plus, les promenades guidées, d’une durée de 15 à 30 minutes autour de l’EHPAD, peuvent être adaptées au rythme de chacun. Enfin, les activités extérieures comme le jardin thérapeutique, les ateliers potagers ou les goûters en plein air offrent des moments précieux d’interaction, notamment lors de sorties intergénérationnelles. Ces initiatives contribuent à créer un environnement vivant et dynamique, propice à l’épanouissement des résidents.
- Micro-sorties : fenêtre ouverte, balcon, terrasse, petit tour du jardin — utiles pour les résidents très fragiles.
- Promenades guidées : 15–30 minutes autour de l’EHPAD, adaptées au pas.
- Activités extérieures : jardin thérapeutique, atelier potager, goûter en plein air, sorties intergénérationnelles.
Tableau synthétique (exemple pratique)
En pratique, la clé est l’adaptabilité : ajustez la durée, le rythme et le type de sortie à chaque personne. L’objectif est d’assurer le plaisir et la sécurité, pas la performance.
Implication des familles et bénévoles : maintenir le lien et enrichir les sorties
Les sorties deviennent bien plus riches quand la famille et les bénévoles y participent. Elles offrent un cadre naturel pour renouer, échanger et partager des moments simples et signifiants.
Pourquoi impliquer la famille ?
- La présence d’un proche rassure le résident et renforce la relation.
- Les souvenirs partagés (marcher dans un lieu connu, parler de plantes familières) réactivent la mémoire affective.
- Les familles apportent des informations précieuses pour personnaliser la sortie (préférences, routines).
Idées d’implication :
- Organiser une promenade souvenir : ramener des photos ou objets liés à un lieu évoqué.
- Préparer un pique-nique intergénérationnel avec des enfants du quartier : renforcer le lien social et la stimulation.
- Créer un planning partagé pour les sorties hebdomadaires où chaque membre de la famille peut proposer une date.
Rôle des bénévoles et partenaires :
- Les bénévoles peuvent accompagner des groupes, animer des ateliers jardinage ou assurer la liaison avec les associations locales.
- Les partenariats avec des écoles, crèches, centres culturels ou associations sportives créent des occasions régulières de sorties variées.
Anecdote : une action que j’ai observée a transformé le quotidien d’un petit groupe : des étudiants d’une école voisine venaient chaque semaine pour lire des livres en plein air aux résidents. Résultat : échanges intergénérationnels, rires partagés et un regain de participation aux activités.
Conseils pratiques pour les familles :
- Discutez avec l’équipe de l’EHPAD pour connaître les créneaux disponibles et les besoins d’accompagnement.
- Proposez votre aide même ponctuelle (préparer une sortie, ramener une plante, conduire).
- Respectez le rythme du résident : une sortie réussie est une sortie qui respecte la fatigue et les envies.
Impliquer famille et bénévoles, c’est multiplier les occasions de sortir et de créer du sens. Ces moments renforcent le sentiment d’appartenance et appuient le travail de l’équipe soignante.
Mesurer l’impact et intégrer les sorties dans le projet de vie individualisé
Pour pérenniser les sorties en extérieur, il est utile de mesurer leur impact et de les formaliser dans le projet de vie du résident. Voici comment procéder simplement et efficacement.
Indicateurs à suivre (exemples faciles à recueillir) :
- Humeur : notez des observations avant/après sortie (serein, agité, apathique).
- Sommeil : qualité de la nuit suivant la sortie.
- Mobilité : évolution de la distance parcourue ou besoin d’aide.
- Participation aux activités : plus grande assiduité après sorties régulières.
- Usage de médicaments (si pertinent) : observation d’une éventuelle diminution des psychotropes en collaboration avec le médecin.
Outils pratiques :
- Carnet de suivi court (1 page) rempli par l’accompagnant : humeur, fatigue, incidents.
- Réunions régulières (mensuelles) pour ajuster la fréquence et le type de sorties selon les observations.
- Questionnaire simple pour la famille : perceptions sur l’impact, suggestions.
Intégration au projet de vie :
- Inscrire les sorties comme objectifs personnalisés : ex. « participer à une sortie hebdomadaire de 20 minutes au jardin » avec étapes mesurables.
- Documenter les préférences (lieux aimés, activités préférées) pour garantir la personnalisation.
- Prévoir des évaluations trimestrielles pour réajuster.
Exemples d’indicateurs concrets :
- Mme B. a augmenté ses sorties de 1 à 3 par semaine : son score d’appétit est passé de faible à correct en 2 mois.
- Groupe d’EHPAD ayant instauré des sorties quotidiennes : baisse des incidents d’agitation observée par l’équipe (donnée qualitative).
Communiquez ces résultats lors des rencontres famille/équipe : voir les effets tangibles renforce l’adhésion et encourage la continuité. Les sorties en extérieur ne doivent pas rester des initiatives isolées ; elles doivent s’inscrire dans la démarche globale de soin, mesurable et adaptée.
Les sorties en extérieur sont un levier puissant pour améliorer le bien-être des résidents en EHPAD. Elles agissent sur la mobilité, la cognition, l’humeur et le lien social. En les organisant de manière sécurisée, régulière et personnalisée — avec la participation des familles et des bénévoles — vous transformez des promenades en véritables temps de soin et de vie. Si vous le souhaitez, je peux vous proposer un modèle de fiche d’évaluation ou un planning-type adapté à votre établissement ou à votre proche. Je vous accompagne avec bienveillance dans ces petits pas qui font une grande différence.
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