Familles et ehpad : comment éviter le piège du je devrais faire plus

Vous avez confié un proche à un EHPAD et, parfois, un sentiment tenace vous assaille : “Je devrais en faire plus”. Ce poids invisible, souvent lié à la culpabilité, peut miner votre sérénité et votre relation avec l’établissement. Pourtant, il est possible d’accompagner votre proche sans tomber dans ce piège épuisant. Je vous propose de comprendre d’où vient ce sentiment et surtout, comment le dépasser avec bienveillance et réalisme.

Comprendre l’origine du sentiment « je devrais faire plus »

Ce sentiment est fréquent chez les familles. Il naît souvent d’un mélange d’amour, d’inquiétude et d’impuissance. Vous voulez le meilleur pour votre parent, et en même temps, vous craignez que votre présence ou votre engagement ne soit jamais suffisant.

Pourquoi ce sentiment s’installe-t-il ?

  • La peur de l’abandon : Après l’entrée en EHPAD, il est normal d’avoir peur que l’on oublie ou néglige son proche.
  • Le regard des autres : La pression sociale ou familiale peut renforcer cette idée que vous devriez être plus présent ou plus actif.
  • Le manque d’informations : Ne pas toujours comprendre le fonctionnement de l’EHPAD ou le rôle des professionnels peut créer un sentiment d’insécurité.
  • Le perfectionnisme personnel : Vouloir tout maîtriser dans une situation nouvelle et complexe peut générer une charge excessive.

Exemple concret : Marie, la fille d’un résident, se sentait coupable de ne pas venir plus souvent, alors que son père lui demandait parfois de rester plus longtemps. En discutant avec l’équipe, elle a réalisé que son père bénéficiait aussi d’activités et d’autres compagnons qui lui apportaient du réconfort.

Accepter ses limites pour mieux accompagner

Reconnaître que vous ne pouvez pas tout faire est une étape clé pour vous libérer de cette pression. Accompagner un proche en EHPAD n’est pas une course à la performance, mais un chemin d’équilibre.

Quelques pistes pour accepter vos limites :

  • Se fixer des priorités réalistes : Choisir les moments où votre présence est la plus valorisante pour vous et votre parent.
  • Éviter la comparaison : Chaque famille a son rythme et ses possibilités, il n’y a pas de modèle unique.
  • S’autoriser à déléguer : Faire confiance aux équipes soignantes et aux professionnels, qui sont formés et engagés.
  • S’accorder du temps pour soi : Votre bien-être est essentiel pour accompagner durablement.

Conseil pratique : Notez dans un agenda les visites, appels ou échanges que vous pouvez faire sans vous surcharger. Ça aide à visualiser ce que vous faites déjà.

Communiquer efficacement avec l’ehpad

Une bonne communication avec l’établissement est un levier puissant contre le sentiment de culpabilité. Lorsque vous êtes bien informé et écouté, vous vous sentez plus confiant dans le suivi de votre proche.

Dans le cadre d’une relation avec un établissement d’accueil, il est essentiel de privilégier une communication transparente et sincère. Cela permet d’établir un climat de confiance, propice à l’apaisement des émotions négatives. Pour approfondir ce sujet, l’article L’art de ne pas culpabiliser en accompagnant un parent : mode d’emploi anti-crise propose des stratégies pour gérer les sentiments de culpabilité qui peuvent surgir lors de cette période difficile.

De plus, comprendre les dynamiques émotionnelles liées à l’accompagnement d’un parent en EHPAD est crucial. L’article Accompagner un parent en ehpad : mode d’emploi pour ne pas finir en psychopathe offre des conseils pratiques pour naviguer dans cette expérience sans perdre son équilibre émotionnel. En établissant un dialogue apaisé, il devient plus facile de surmonter les défis et de se sentir soutenu dans ce parcours. Prêt à découvrir comment instaurer cette communication constructive ?

Voici comment construire un dialogue apaisé :

  • Rencontrer régulièrement l’équipe : Infirmiers, aides-soignants, animateurs… Prenez le temps d’échanger sur le quotidien et les besoins.
  • Poser des questions claires : N’hésitez pas à demander des précisions sur le projet de vie, les soins ou les activités.
  • Partager vos observations : Ce que vous remarquez à domicile ou lors de vos visites est précieux pour ajuster l’accompagnement.
  • Participer aux réunions de famille : Ces moments permettent de faire le point avec les professionnels et les autres proches.

Exemple : Lorsqu’André a évoqué son inquiétude sur la perte d’appétit de sa mère, l’équipe a pu adapter les repas et proposer une consultation diététique. Cette collaboration a renforcé sa confiance.

Valoriser le lien familial autrement que par la présence physique

Être proche ne signifie pas uniquement être physiquement présent. Aujourd’hui, il existe de nombreuses façons d’exprimer son amour et son soutien, adaptées à vos possibilités.

Quelques idées pour enrichir ce lien :

  • Appels téléphoniques réguliers : Un échange simple peut apporter beaucoup de réconfort.
  • Messages écrits ou vidéos : Souvent très appréciés, ils permettent de garder le contact malgré la distance.
  • Participation aux activités à distance : Certaines EHPAD proposent des animations en visioconférence.
  • Petits gestes symboliques : Apporter une photo, une plante ou un objet cher au résident crée un lien tangible.

Conseil : Demandez à l’équipe ce qui est possible selon la situation de votre parent, ça montre votre engagement sans épuisement.

Se libérer du poids de la culpabilité : une clé pour mieux vivre cette étape

Le sentiment de culpabilité peut s’enraciner et devenir un véritable frein au bien-être familial. Le dépasser, c’est se donner la permission d’être humain, avec ses forces et ses limites.

Voici quelques pistes pour vous aider à avancer :

  • Parler de ses émotions : Échanger avec un proche, un professionnel ou rejoindre un groupe de parole peut apporter un grand soulagement.
  • Se rappeler les raisons du placement : Ça aide à garder du recul et à valoriser la décision prise.
  • Célébrer les petites victoires : Chaque moment positif, chaque sourire mérite d’être reconnu.
  • Prendre soin de soi : Activités, repos, moments de plaisir sont indispensables.

Exemple : Sophie, aidante, a rejoint un atelier de soutien aux familles où elle a pu exprimer ses doutes et recevoir des conseils. Elle s’est sentie moins seule et plus apaisée.

Le sentiment de “je devrais faire plus” est un compagnon fréquent, mais il ne doit pas devenir un fardeau. En comprenant son origine, en acceptant vos limites, en communiquant avec l’EHPAD, en valorisant le lien autrement et en vous libérant de la culpabilité, vous créez un équilibre sain et durable. Votre présence, sous toutes ses formes, est précieuse. N’oubliez jamais que vous n’êtes pas seul(e), et que chaque geste compte, même les plus petits. Prenez soin de vous, pour mieux prendre soin de ceux que vous aimez.

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