Vous vous demandez qui sont réellement les personnes qui prennent soin de votre proche en EHPAD et comment elles travaillent ensemble ? Vous n’êtes pas seul(e). En tant que spécialiste de l’accompagnement en EHPAD, je souhaite éclairer le rôle des intervenants en EHPAD pour que vous puissiez mieux dialoguer, décider et accompagner en confiance.
Qui sont les intervenants en ehpad et pourquoi ils sont essentiels
Dans un EHPAD, la qualité de vie d’un résident repose sur une équipe pluridisciplinaire. Quand je rencontre des familles, elles imaginent souvent seulement des infirmières et des aides-soignants. En réalité, un réseau de professionnels — chacun avec un rôle précis — se mobilise quotidiennement.
Parmi les intervenants les plus présents :
- L’aide-soignant(e) : présent(e) pour les soins d’hygiène, l’habillage, la prise alimentaire et l’observation quotidienne. C’est souvent la personne qui connaît le mieux les habitudes du résident.
- L’infirmier(ère) : responsable des soins techniques, de la surveillance médicale et de la coordination des traitements. Il/elle est l’interlocuteur(trice) pour tout ce qui relève de la santé.
- Le médecin coordonnateur : travaille en lien avec le médecin traitant pour définir les orientations médicales de l’établissement et veiller à la qualité des prises en charge.
- L’auxiliaire de vie ou AMP (auxiliaire de vie sociale) : soutient les gestes de la vie quotidienne, particulièrement pour la domiciliation et la relation.
- L’animateur(trice) : organise des activités pour maintenir les liens sociaux, stimuler les capacités et prévenir l’isolement.
- L’ergothérapeute, kinésithérapeute, psychomotricien(ne) : interviennent pour restaurer ou maintenir l’autonomie.
- Le psychologue : accompagne les troubles du comportement, le deuil, les angoisses et soutient les familles.
- Le personnel administratif et l’équipe de direction : gèrent la logistique, les admissions, la qualité et la communication.
- Les services généraux (ASH) : assurent l’hygiène, la restauration et la manutention, éléments essentiels au confort et à la sécurité.
Pourquoi cette diversité est-elle essentielle ? Parce que la dépendance, le vieillissement et les troubles cognitifs exigent des réponses multiples : médicales, relationnelles, sociales et environnementales. Par exemple, une chute ne concerne pas que le kinésithérapeute ; elle mobilise l’infirmier, l’équipe d’aide et parfois l’ergothérapeute pour prévenir les récidives. Quand tout le monde partage les mêmes informations, on évite les ruptures de soins.
Je raconte souvent l’histoire de Mme Dupont : après une hospitalisation, elle revenait épuisée et refusait les repas. Son aide-soignante remarqua le changement d’appétit, l’infirmière ajusta les traitements, l’ergothérapeute adapta la position à table et l’animateur recréa un petit groupe convivial. Ensemble, ils ont permis le retour progressif de l’appétit et du sourire. Ce genre de petite victoire illustre l’intérêt d’une équipe coordonnée.
Connaître les rôles vous aide à identifier la bonne personne à contacter selon la situation : douleur, changement de comportement, projet de vie, questions administratives. Ça évite l’angoisse et facilite une collaboration apaisée avec l’établissement.
Le travail quotidien : soins, accompagnement et vie sociale
Le quotidien en EHPAD se construit autour de trois axes complémentaires : les soins, l’accompagnement de la vie quotidienne et la vie sociale. Ces trois dimensions, quand elles sont cohérentes, améliorent la qualité de vie du résident.
Soins : Les équipes assurent la prise en charge des pathologies chroniques, la gestion des traitements et la prévention (chutes, escarres, infections). L’infirmier(e) et l’aide-soignant(e) effectuent les soins sur prescriptions ; le médecin coordonnateur surveille la politique de soins. Des protocoles sont en place pour les urgences, mais la prévention (mouvements adaptés, rééducation, alimentation) reste la meilleure stratégie pour réduire les hospitalisations.
Accompagnement quotidien : Il ne suffit pas d’assurer un soin technique. L’accompagnement englobe l’aide à l’habillage, à la toilette, à l’alimentation, et l’observation des changements d’humeur. L’aide-soignant(e) joue un rôle relationnel majeur : il/elle observe les signaux faibles et transmet rapidement les éléments à l’infirmier. J’insiste souvent auprès des familles : notez les petites différences (faim, sommeil, refus) et partagez-les — elles sont précieuses.
Vie sociale et activités : L’animateur(trice) conçoit un programme d’activités adapté aux goûts et aux capacités (atelier mémoire, chant, jardinage, sorties). Ces moments sont vitaux pour lutter contre l’isolement et préserver des compétences. Une étude montre que des activités régulières réduisent l’agitation chez les personnes atteintes de troubles cognitifs — ce n’est pas un luxe, c’est une thérapie complémentaire.
Coordination des interventions : Le secrétariat, les réunions de synthèse (ou RCP — réunions de concertation pluridisciplinaire) et les transmissions orales/écrites assurent la continuité. Je recommande aux familles d’assister, quand c’est possible, aux réunions de projet de vie : ça renforce la co-construction entre résident, famille et équipe.
Exemple concret : M. Lemaire, atteint d’un début de maladie d’Alzheimer, refusait les bains. Plutôt que d’imposer, l’équipe a proposé un bain à remous pilote avec présence d’un bénévole familier. Une aide-soignante l’a rassuré, l’infirmière a ajusté la médication contre l’anxiété et l’ergothérapeute a proposé des aides techniques. Résultat : M. Lemaire a retrouvé le plaisir du bain et a retrouvé un meilleur sommeil.
Le quotidien en EHPAD est le fruit d’un travail d’équipe continu. Votre rôle, en tant que proche, est d’apporter des informations, d’observer et d’être partenaire : ça enrichit la prise en charge et respecte la dignité du résident.
Communication et coordination : clé d’un accompagnement réussi
La qualité de la communication entre la famille et l’équipe est un pilier souvent sous-estimé. Quand je guide des proches, je leur dis toujours : une bonne communication évite bien des malentendus et assure un meilleur accompagnement pour votre parent.
Transmissions et réunions : Les transmissions infirmières (écrites et orales) sont le fil rouge des journées. Elles garantissent que chaque changement est noté. Demandez si l’EHPAD organise des réunions de projet de vie ou des synthèses régulières ; y participer vous permet d’ajuster objectifs et attentes.
Personnes référentes : Tout établissement sérieux désigne un(e) référent(e) de parcours (ou aide-soignant référent) pour chaque résident. Cette personne centralise l’information et devient votre interlocuteur privilégié. Si ça n’est pas formalisé, demandez-le : ça simplifie les échanges.
Canaux de communication : Renseignez-vous sur les moyens : carnet de liaison, téléphone, messagerie sécurisée, portail famille. Chaque outil a ses avantages, mais rien ne remplace un entretien en face à face pour les sujets sensibles. Prévoyez des rendez-vous pour aborder les décisions lourdes (modifications de traitement, fin de vie).
Informer sans culpabiliser : Les soignants ne sont pas dans une logique de jugement. Ils ont besoin d’informations concrètes : routines, préférences, événements récents (perte de l’odorat, de l’appétit, douleurs). Exemple : un petit carnet avec 3 lignes (repas, sommeil, humeur) partagé pendant deux semaines peut révéler un problème et déclencher une action rapide.
Gestion des conflits : Les désaccords arrivent. Je conseille la méthode suivante :
- Restez factuel : décrivez les faits observés.
- Demandez les explications : comment l’équipe a agi, pourquoi.
- Proposez des solutions ou demandez une réunion de médiation.
Si besoin, sachez que des dispositifs de recours existent (COmité de résidents, médiation, ARS).
Soutien émotionnel : Les équipes savent écouter. Je vois souvent des familles soulagées après un entretien de 20 minutes où l’infirmier a expliqué le projet de soins. Ne gardez pas vos inquiétudes pour vous : la parole partagée libère et oriente.
N’oubliez pas : la communication est un exercice à double sens. Soyez précis, respectueux et demandez réciproquement des retours. Ça instaure une relation de confiance indispensable au bien-être du résident.
Compétences, formation et bientraitance : standards et bonnes pratiques
La compétence d’une équipe ne repose pas seulement sur la bonne volonté ; elle s’appuie sur la formation, l’encadrement et une culture de bientraitance. J’insiste toujours sur ces points lors de mes accompagnements.
Formations et compétences : Les intervenants suivent des formations continues : gestion de la douleur, prise en charge des troubles cognitifs, communication non violente, prévention des chutes, soins palliatifs. L’existence d’un plan de formation annuel est un indicateur de qualité. Pour vous repérer, demandez quelles formations ont suivi les professionnels qui prennent en charge votre proche.
Qualité et audits : Les EHPAD sont soumis à des contrôles et à des évaluations (qualité de vie, hygiène, sécurité). La présence d’un référent qualité ou d’un coordinateur de soins est un signal positif. Certains établissements publient des rapports internes ou des enquêtes de satisfaction : n’hésitez pas à les consulter.
Bientraitance : C’est un concept central. Il s’agit de garantir le respect, la dignité, la confidentialité et l’autonomie du résident. Concrètement :
- Respecter les rythmes de vie du résident (lever, coucher, repas) ;
- Expliquer les gestes avant de les réaliser ;
- Favoriser le maximum d’autonomie (aides techniques, rééducation) ;
- Éviter les contraintes inutiles (contentions physiques ou chimiques non justifiées).
Prévention des risques et sécurité : Les équipes mettent en place des évaluations des risques individuels (chutes, fugues, dénutrition). La présence d’un projet personnalisé — écrit et partagé — montre que l’établissement travaille sur la prévention et l’adaptation.
Mesures contre la maltraitance : Il existe des procédures claires : signalement interne, médiation, et recours externes. Si vous suspectez une situation inappropriée, parlez-en rapidement au directeur, au médecin coordonnateur ou à un médiateur. Votre vigilance fait partie de la protection du résident.
Exemple concret : Dans un établissement, la mise en place d’un cycle de formations sur la prise en charge de la douleur a réduit les plaintes liées aux inconforts de 30 % en six mois (retours d’établissement). Ces chiffres illustrent que la formation a un impact direct sur le vécu des résidents.
En tant que proche, vous pouvez évaluer la culture de bientraitance en observant :
- L’accueil : est-il chaleureux et informatif ?
- La propreté et le respect des heures de repas ?
- La façon dont le personnel parle au résident : patience et respect ?
Ces éléments vous donnent des repères concrets.
Accompagner un proche en EHPAD, c’est devenir partenaire d’une équipe. Plus vous comprenez les rôles — aide-soignant, infirmier, médecin coordonnateur, animateur, ergothérapeute — mieux vous saurez qui contacter, quand et pour quoi. La clé ? Une communication claire, une participation aux réunions et une observation attentive des petits changements.
Quelques conseils pratiques pour vous :
- Identifiez la personne référente et demandez un point régulier.
- Tenez un petit carnet de bord avec observations simples (appétit, humeur, sommeil).
- Participez aux activités si possible : la présence renforcera le lien.
- Informez-vous sur les formations et la politique de bientraitance de l’établissement.
- Soyez bienveillant avec vous-même : demander de l’aide, c’est protéger votre proche.
Je reste convaincue que la coopération entre familles et intervenants est la meilleure garantie d’un accompagnement respectueux et adapté. Si vous avez des questions concrètes sur le rôle d’un métier ou comment aborder un sujet délicat avec l’équipe, je suis là pour vous guider pas à pas.
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