Vous vous demandez si les sorties en groupe proposées par l’EHPAD peuvent vraiment améliorer le quotidien de votre proche ? Vous n’êtes pas seul(e). Entre l’inquiétude pour la sécurité, la peur de la fatigue ou de la désorientation, et l’envie de voir votre parent profiter à nouveau de petits bonheurs simples, il y a souvent beaucoup d’hésitations.
Je vais vous expliquer, avec simplicité et bienveillance, pourquoi les sorties en groupe sont si bénéfiques pour les résidents, quels types d’activités fonctionnent le mieux, comment préparer ces sorties pour qu’elles se passent sereinement, et comment vous pouvez accompagner cette démarche sans vous culpabiliser. Vous trouverez aussi des conseils concrets et une check-list pratique à utiliser avant chaque sortie.
Pourquoi les sorties en groupe sont si bénéfiques
Les sorties organisées collectivement ne sont pas un simple divertissement : elles touchent à des besoins fondamentaux des personnes âgées. Voici les principaux bénéfices que j’observe régulièrement en institution.
Maintenir le lien social et lutter contre l’isolement
L’un des bienfaits majeurs des sorties en groupe est la possibilité de renouer des relations sociales. Sortir ensemble crée des occasions de conversation informelle, de partage de souvenirs et de rires — des moments qui font baisser la solitude et remonter le moral. Pour beaucoup de résidents, ces échanges stimulent le sentiment d’appartenance à un groupe.
Stimuler la mémoire et la cognition
Se rendre dans un lieu nouveau (ou familier) sollicite l’attention, la mémoire à court terme et la capacité d’adaptation. Ces stimulants cognitifs sont précieux, surtout pour les personnes atteintes de troubles légers à modérés de la mémoire : une promenade au marché, une visite de musée ou même un simple café partagé peuvent activer des souvenirs, des discussions et des repères de vie.
Améliorer le bien-être physique
Marcher, monter une rampe, se lever d’un fauteuil… les déplacements, même modestes, mobilisent la motricité. Les sorties offrent une motivation extérieure à l’activité physique, ce qui peut contribuer à conserver de la mobilité, de l’équilibre et de l’autonomie.
Réactiver les sens et les émotions
Voir la lumière du jour, sentir des odeurs familières (pain chaud, plantes, mer), toucher des textures différentes : la stimulation sensorielle est essentielle. Elle ancre la personne dans l’instant présent et peut réduire l’anxiété et l’apathie.
Redonner du sens et de la dignité
Participer à une sortie, choisir son repas au restaurant, acheter un petit objet ou simplement prendre un café au dehors, ce sont des actes qui rendent la vie quotidienne plus riche. Ils renforcent l’estime de soi et le sentiment d’être reconnu comme une personne à part entière.
Quels types de sorties privilégier (et pourquoi)
Chaque sortie a sa spécificité et son utilité. L’idéal est de varier les formats en tenant compte des goûts et des capacités des résidents.
- Petites promenades en extérieur (jardin, parc) : parfaites pour la stimulation sensorielle et l’activité douce.
- Sorties culturelles (musée, exposition, théâtre adapté) : stimulant cognitif et source de conversations riches.
- Cafés, brasseries ou marchés : favorisent les échanges sociaux, l’autonomie symbolique (choisir, payer une petite consommation).
- Sorties nature (bord de mer, forêt, jardin botanique) : effets apaisants et sensoriels forts.
- Ateliers intergénérationnels ou visite d’école : apportent de la vitalité, suscitent émotions et échanges transgénérationnels.
- Shopping léger ou courses : utile pour maintenir des repères fonctionnels et le sens pratique.
- Activités spirituelles ou de mémoire (lieux de culte, vieux quartiers) : peuvent réveiller des souvenirs importants et apaiser.
Chaque établissement proposera un calendrier et un type de sorties adaptés à son public. L’essentiel est que la sortie respecte le rythme et les désirs du résident.
Préparer une sortie : conseils pratiques (check-list)
Une bonne préparation augmente considérablement les chances que la sortie se déroule bien. Voici une check-list simple et pratique à partager avec l’établissement ou à garder dans votre sac.
- Consentement et motivation : vérifier que la personne souhaite sortir. Respecter son refus.
- Informations médicales à jour : médecins référents, allergies, moyens d’aide (oxygène, porteur de médicaments).
- Médicaments : prise prévue pendant la sortie (horaires, pochettes, rappel).
- Vêtements adaptés : couches de vêtements, imperméable, chapeau, chaussures confortables.
- Documents et contacts : carte d’identité, carte vitale, numéro du contact d’urgence, copie de la liste médicale.
- Aides techniques : fauteuil roulant, canne, coussins, repose-tête.
- Objets personnels rassurants : lunettes, appareil auditif, plaid, photo familière.
- Plan toilettes et hydratation : horaires, lieu, collations si nécessaire.
- Transport : confort du véhicule, sangles, pause si longue distance.
- Coût éventuel : prévoir monnaie pour café, entrée, achat personnel.
- Temps de repos après la sortie : planifier une sieste ou un moment calme.
N’hésitez pas à remettre cette liste au personnel d’animation ou de soin : elle facilite la coordination et évite les oublis.
Sorties et maladies neurodégénératives : adaptations utiles
Pour les personnes atteintes de troubles cognitifs, les sorties peuvent être extrêmement bénéfiques, mais demandent des précautions spécifiques.
- Favorisez les sorties courtes et répétées plutôt que les journées complètes. Une répétition rassure et s’ancre mieux dans la mémoire émotionnelle.
- Utilisez des repères visuels : montrer des photos du lieu avant la sortie, indiquer clairement les horaires, afficher le programme.
- Simplifiez les choix : proposer deux options maximum évite la confusion et la frustration.
- Prévoyez un accompagnateur identifié et stable : la présence d’une personne connue et rassurante réduit l’anxiété.
- Privilégiez des endroits calmes (horaires hors affluence) et évitez les environnements sur-stimulants s’il y a risque d’agitation.
- En cas de désorientation, avoir une stratégie de retour au calme (respiration, contact tactile léger, siège tranquille).
- Les sorties de remémoration (visiter un ancien lieu de travail, un quartier d’enfance) peuvent déclencher des souvenirs forts et apaisants, mais il faut rester vigilant : des émotions intenses peuvent aussi surgir.
Le rôle des familles : comment s’impliquer sans culpabiliser
Vous n’avez pas à tout faire seul(e), et votre implication ne se réduit pas à la présence physique. Voici des façons simples et utiles de contribuer :
- Informer : partagez avec l’équipe les goûts, les routines, les repères du passé (métier, musique préférée, lieux aimés). Ces informations enrichissent le projet de vie individualisé.
- Proposer des idées : suggérer des lieux que votre proche aimait ou des activités intergénérationnelles.
- Participer ponctuellement : accompagner une sortie quand vous le pouvez ; votre présence est un soutien précieux.
- Apporter des objets personnels : une écharpe, un chapeau, une photo qui rassure.
- Donner un retour : après la sortie, parlez avec l’équipe de ce qui a bien fonctionné ou non. Ça permet des ajustements rapides.
- Respecter le choix du résident : si votre proche refuse une sortie, écoutez ce refus. Le respect de la volonté est essentiel.
Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, participer au groupe de bénévoles ou aux rencontres familles/équipe organisées par l’EHPAD pour co-construire le calendrier des sorties.
Mesurer l’impact d’une sortie et réagir si ça ne se passe pas bien
Toutes les sorties ne seront pas des réussites éclatantes — et c’est normal. Il s’agit d’apprendre, d’adapter et de respecter les signaux. Voici comment évaluer et agir.
Signes positifs à repérer après la sortie :
- hausse de l’appétit,
- plus d’entrain pour les activités,
- sourires, récits de la sortie,
- meilleur sommeil et diminution de l’anxiété.
Signes de fatigue ou d’inconfort :
- somnolence inhabituelle,
- agitation ou repli,
- confusion accrue après le retour,
- douleurs ou inconfort physique.
Si la sortie s’est mal passée :
- Notez les circonstances : durée, horaire, lieu, changements inattendus.
- Consultez l’équipe soignante : ils sauront adapter la prochaine sortie (durée réduite, autre horaire).
- Évitez de considérer l’échec comme définitif : une sortie ratée peut mener à une meilleure préparation la fois suivante.
- Respectez le rythme du résident : parfois, il est préférable d’attendre quelques jours avant de retenter.
Exemples concrets (cas vécus)
Voici deux témoignages-types basés sur des situations que j’ai rencontrées souvent, pour vous aider à visualiser des situations possibles.
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Cas 1 : Mme Durand, ancienne institutrice, adore les jardins. Après quelques sorties courtes au parc avec un petit groupe, elle a recommencé à commenter les fleurs, à reconnaître des plantes et à raconter des anecdotes d’école. Sa fille m’a dit : “Elle revient différente, plus vivante, elle veut même lire le journal.” Bénéfice : stimulation cognitive + plaisir sensoriel.
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Cas 2 : M. Lefèvre, porteur de troubles cognitifs avancés, s’est retrouvé très fatigué après une visite longue et bruyante au marché. L’équipe a adapté : sorties plus courtes, départ deux heures plus tôt, et un siège confortable dans le véhicule. Rapidement, il a repris le plaisir d’être dehors sans l’épuisement. Bénéfice : apprentissage et ajustement.
Ces exemples montrent qu’il faut parfois tester, mesurer et ajuster. L’expérience permet d’affiner ce qui convient le mieux à chaque personne.
Questions utiles à poser à l’ehpad avant une sortie
Avant de valider une sortie, n’hésitez pas à demander :
- Qui accompagne le groupe ? (profil, expérience)
- Quelle est la procédure en cas d’urgence médicale ?
- Qui est responsable de la gestion des médicaments pendant la sortie ?
- Y aura-t-il des pauses et des toilettes disponibles ?
- Le transport est-il adapté aux fauteuils roulants ?
- Le coût éventuel pour les résidents est-il pris en charge ou à prévoir ?
Ces questions ne sont pas des contrôles, mais des outils pour co-construire une sortie sécurisée et respectueuse.
Les sorties en groupe constituent un levier puissant pour améliorer la qualité de vie des résidents en EHPAD : elles renforcent les liens sociaux, stimulent la mémoire, offrent des plaisirs sensoriels et redonnent du sens au quotidien. Avec une préparation adaptée, une communication claire entre familles et équipe, et une attention aux besoins individuels, ces sorties deviennent des moments attendus et source de joie.
Vous n’avez pas à tout gérer seul(e). Parlez-en avec l’équipe de l’établissement, partagez les histoires et préférences de votre proche, et proposez-vous, si vous le pouvez, pour accompagner une sortie. Et surtout, rappelez-vous : un petit pas vers l’extérieur peut entraîner de grands bienfaits — pour votre parent et pour vous.
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