Sortir de l’ehpad : conseils pour maintenir le lien avec l’extérieur en toute sérénité

Vous vous demandez comment permettre à votre proche de sortir de l’EHPAD en toute sécurité, sans rompre le lien avec la famille et le quartier ? Vous n’êtes pas seul·e. Beaucoup de proches s’inquiètent : comment concilier autonomie, sécurité et vie sociale quand un parent ou un conjoint vit en établissement ?

Je vous propose des conseils concrets et bienveillants pour organiser les sorties courtes ou plus longues, pour garder le contact avec l’extérieur même quand les déplacements sont difficiles, et pour le faire avec sérénité. Je vous donne des exemples pratiques, des outils simples et des phrases pour dialoguer avec l’équipe. L’objectif : préserver la dignité et le désir de vie de la personne tout en limitant les risques.

Pourquoi sortir de l’ehpad est important (et comment l’aborder)

Sortir, ce n’est pas seulement changer d’air : c’est retrouver des repères, des souvenirs, des relations, et parfois simplement le plaisir d’un café en terrasse. Pour beaucoup de résidents, les sorties sont une source de stimulation cognitive, émotionnelle et sensorielle. Elles renforcent le sentiment d’appartenance et la continuité de la vie avant l’entrée en établissement.

Mais je sais que vous vous posez des questions : la personne est-elle capable de supporter la sortie ? Est-ce dangereux ? Qui prend la responsabilité si quelque chose arrive ? Voici quelques repères pour vous rassurer et vous aider à décider :

  • Parlez d’abord avec la personne concernée. Même lorsque la mémoire flanche, les envies et les habitudes ont un sens. Un échange simple permet souvent d’évaluer la motivation : « Aimeriez-vous aller voir la boutique d’en face ? » ou « Souhaitez-vous qu’on aille écouter un concert dans le parc ? ».
  • Demandez l’avis de l’équipe soignante. L’infirmier·ère ou l’aide-soignant·e pourra indiquer si la sortie est envisageable au regard de l’état de santé, des médicaments ou de la fatigue.
  • Respectez le consentement. Si la personne est lucide et s’oppose à la sortie, il faudra respecter son choix. En cas d’altération de la capacité de décision, informez le tuteur, le mandataire ou l’équipe de protection juridique.
  • Adaptez la durée et la fréquence : mieux vaut des petites sorties régulières que de grandes journées éreintantes.

Exemple concret : Madame Dupont, qui adore son marché du dimanche, a retrouvé le sourire après un court trajet accompagné par sa fille. La première sortie a duré une heure : balade, achat d’un pain, et retour. Elles ont augmenté progressivement la durée, toujours en vérifiant l’état de Madame Dupont après chaque sortie.

Préparer la sortie : checklist et conseils pratiques

La préparation est la clé pour que la sortie se passe bien. Avant chaque déplacement, je vous recommande de vérifier ces éléments essentiels : santé, transport, confort, et plan d’urgence.

Voici une trousse pratique à préparer et à garder à portée de main avant chaque sortie :

  • Carte d’identité et carte Vitale (ou copie), coordonnées de la famille et de l’établissement, carte de mutuelle si nécessaire.
  • Liste écrite des médicaments (nom, dose, horaire) et ordonnance si applicable.
  • Téléphone chargé avec les numéros urgents, petit chargeur portable.
  • Vêtements adaptés (calorifiques ou respirants selon la météo), chaussures confortables et antidérapantes, chapeau/écharpe.
  • Moyens de paiement et petite réserve de monnaie, lunettes, lentilles, aides auditives rechargées.
  • Sac léger contenant mouchoirs, gourde d’eau, collations faciles, lingettes.
  • Carnet avec renseignements médicaux (allergies, pathologies, dernières hospitalisations) et la personne référente de l’EHPAD.
  • Plan B : numéro du taxi, transport adapté, et point de rendez-vous si la personne se perd.

Avant de partir, pensez à :

  • Informer le référent de l’établissement et laisser l’heure estimée de retour.
  • Vérifier les rendez-vous médicaux qui pourraient interférer (prise de sang, kiné).
  • Prévoir 10–15 minutes supplémentaires pour l’habillage et l’installation dans le véhicule.

Témoignage type : Monsieur Martin aimait aller au parc près de chez lui. Sa fille a préparé une pochette avec ses médicaments, une photo d’identité et un numéro d’urgence. Sur place, ils ont trouvé un banc familier et sont restés une heure. Monsieur Martin était rassuré et la sortie a renforcé son appétit et son sommeil le soir suivant.

Coordonner avec l’équipe de l’ehpad : formalités et bonnes pratiques

L’équipe de l’EHPAD est votre alliée pour que la sortie soit réussie. Voici comment la mobiliser et quoi prévoir en terme d’organisation :

  • Parlez au référent de la personne (infirmier·ère, ASG, coordinateur de parcours). Ils connaissent les capacités physiques et cognitives et pourront proposer un plan de sortie adapté.
  • Renseignez-vous sur les documents à remplir : certaines structures demandent une feuille d’autorisation d’absence ou un registre des sorties. Ça permet d’assurer la traçabilité et la sécurité.
  • Clarifiez la prise en charge des soins pendant l’absence. Si votre proche doit recevoir une perfusion, une injection ou un soin particulier, vérifiez si la sortie est possible ou s’il faut un accompagnement médicalisé.
  • Définissez un rôle clair : qui accompagne, qui assure le transport, qui peut être contacté en cas de problème. Si vous êtes l’accompagnant·e, dites-le à l’équipe. Parfois, le personnel peut accompagner la personne pour des sorties ponctuelles (courses, cérémonies).
  • Intégrez la sortie au projet de vie ou au dossier de soins si la personne va sortir régulièrement (par exemple, promenade hebdomadaire, rendez-vous familial mensuel). Le projet de vie permet d’articuler les envies personnelles avec les contraintes médicales et organisationnelles.
  • Respectez les règles internes liées à la sécurité et aux recommandations sanitaires en vigueur.

Exemple : L’équipe a aidé la famille de Chantal à organiser ses rendez-vous au coiffeur. Ils ont établi un jour par semaine où un·e aide-soignant·e accompagnait Chantal jusque chez le coiffeur du quartier, puis ramenait en établissement. Le rythme a été intégré dans son projet de vie.

Dans le cadre de l’accompagnement des personnes âgées, il est essentiel de favoriser des activités qui renforcent le lien social et la qualité de vie. En plus des sorties au coiffeur, de nombreuses autres possibilités existent pour maintenir une connexion avec l’extérieur. Par exemple, des visites d’amis ou des activités culturelles adaptées peuvent également apporter une dimension enrichissante à la vie des résidents. Ces initiatives permettent non seulement de rompre l’isolement, mais elles contribuent également à un bien-être général.

C’est dans cette optique que des idées simples de sorties en EHPAD peuvent être mises en œuvre. Qu’il s’agisse de partager des moments de convivialité ou d’organiser des ateliers, chaque effort compte pour favoriser un lien solide avec l’extérieur. L’important est d’adapter ces activités aux besoins et aux envies des résidents, tout en s’assurant qu’ils se sentent valorisés et inclus. Comment intégrer ces pratiques dans le quotidien des aînés pour enrichir leur expérience ?

Maintenir le lien avec l’extérieur sans forcément sortir

Parfois, sortir n’est pas possible — fatigue, météo, fragilité médicale ou périodes d’isolement local. Ça ne signifie pas rompre les échanges. Il existe de nombreuses façons de maintenir le lien :

  • Visioconférences régulières : une tablette avec une application simple (appel vidéo) permet des échanges fréquents et visuels. Installez des raccourcis, programmez des rendez-vous hebdomadaires, et aidez la personne à prendre confiance.
  • Courriers et colis : recevoir des lettres manuscrites, des photos récentes, ou des petits colis stimule les émotions et la mémoire.
  • Animations intergénérationnelles : les établissements organisent souvent des rencontres avec des écoles, des associations ou des bénévoles. Ces moments renforcent le lien social.
  • Sorties à la fenêtre ou au jardin : parfois voir la rue, les passants, ou un coin de parc suffit à rompre l’isolement.
  • Médias partagés : écouter ensemble une émission de radio, regarder un film ou une émission que la personne aimait, puis en discuter.
  • Petits projets : préparer une recette ensemble avant la sortie, trier des photos, composer une liste de chansons préférées.

Astuce pratique : fixez un « rendez-vous rituel ». Par exemple, un appel vidéo tous les mercredis à 16h ou l’envoi d’une photo chaque matin. La régularité rassure et donne du sens.

Cas vécu : la famille de Luc a créé un album-photo numérique partagé. Chaque membre ajoute des images et petits messages. Luc prend plaisir à feuilleter l’album avec l’aide du personnel, ce qui relance des souvenirs et des échanges chaleureux.

Sorties et troubles cognitifs : adaptations et stratégies spécifiques

Quand la personne est atteinte de troubles cognitifs (maladie d’Alzheimer, démence), il faut adapter la sortie pour préserver la sécurité sans brider l’autonomie. Voici des conseils éprouvés :

  • Restez sur des itinéraires connus et rassurants. Les lieux familiers déclenchent moins d’anxiété.
  • Privilégiez les sorties courtes et prévisibles : une promenade dans le même parc, le café habituel, la visite chez un·e proche qui connaît bien la personne.
  • Limitez les stimulations excessives : foules, bruits forts, marchés très animés peuvent déstabiliser.
  • Ayez toujours une pièce d’identité et une fiche avec informations médicales visibles dans un sac ou sur la personne (nom, contacts, pathologies, allergies).
  • Utilisez des repères visuels : photos de la maison, cartes avec noms de proches, petites étiquettes.
  • En cas de risque de fugue, préparez un dispositif : informer l’équipe, laisser un itinéraire simple et possible recours (numéros à appeler). Certains trouvent utile un bracelet d’identification discret ou un système de géolocalisation conforme au respect de la dignité et de la vie privée.
  • Anticipez le retour : prévoir un temps de repos, un lieu calme et une collation facilite la réintégration en établissement.

Exemple : Mme Leroy aimait la mer mais était anxieuse en voiture. Sa famille a organisé une sortie en petit groupe, avec un accompagnant connu et une halte régulière. La sortie a duré peu de temps mais a apporté une grande satisfaction affective.

Gérer les émotions : culpabilité, inquiétude et dialogues apaisés

Placer un proche en établissement et l’accompagner pour des sorties provoque souvent des sentiments contradictoires : soulagement, culpabilité, peur. Voici quelques repères pour mieux vivre ces émotions et dialoguer sereinement :

  • Normalisez vos émotions. Il est courant de se sentir coupable de ne pas pouvoir accompagner plus souvent ou d’avoir choisi la structure. Ça ne remet pas en cause l’amour et le soin que vous portez.
  • Échangez avec l’équipe sans jugement. Dites ce que vous souhaitez pour la personne et écoutez leurs contraintes : c’est un partenariat.
  • Impliquez la personne. Même si elle ne peut pas décider de tout, lui demander son avis sur une sortie la respecte et la valorise.
  • Commencez progressivement. Les petites victoires renforcent la confiance mutuelle.
  • Partagez la responsabilité. Si vous êtes épuisé·e, demandez de l’aide : d’autres proches, bénévoles, ou dispositifs de transport et d’accompagnement existent.
  • Prenez soin de vous. Un proche épuisé ne peut pas accompagner efficacement. Une pause régulière est une protection aussi pour la personne accompagnée.

Phrase utile à dire : « J’aimerais que nous essayions une sortie courte cette semaine. Si vous vous sentez fatigué·e, on rentre tout de suite. » Cette formulation met la personne au cœur de la décision et rassure.

En cas d’imprévu : plans d’urgence et gestes simples

Malgré toute la préparation, un imprévu peut arriver : malaise, chute, désorientation. Préparez-vous par avance :

  • Ayez toujours sur vous les numéros d’urgence, le numéro de l’EHPAD et celui du référent de la personne.
  • Si la personne s’altère soudainement, appelez les secours si nécessaire et informez immédiatement l’établissement.
  • Conservez une copie papier du dossier médical et des directives anticipées si la personne en a.
  • En cas de perte ou de désorientation, restez calme, placez la personne dans un endroit sûr, et contactez la police ou les services locaux si besoin, en signalant les caractéristiques (nom, vêtements, particularités).
  • Discutez en amont avec l’équipe pour savoir comment elle gère les retours tardifs, les accompagnements imprévus et les cas d’urgences.

Permettre à un proche de sortir de l’EHPAD et de garder un contact vivant avec l’extérieur est un acte de respect et d’humanité. Avec une bonne préparation, une coordination étroite avec l’équipe, et des sorties adaptées au rythme de la personne, il est possible de concilier sécurité, autonomie et vie sociale. Commencez par de petites étapes, documentez et partagez les informations, et surtout, écoutez la personne concernée.

Si vous doutez encore, rappelez-vous : chaque sortie est une opportunité de créer un moment de joie, de souvenir et de lien. N’hésitez pas à solliciter l’équipe, à demander un rendez-vous pour définir un plan de sortie dans le cadre du projet de vie, et à prendre le temps. Vous n’êtes pas obligé·e de tout faire seul·e — l’accompagnement se construit ensemble, pas à pas.

Si vous le souhaitez, je peux vous proposer un modèle de fiche de sortie personnalisable ou des phrases pour parler avec l’équipe. Ensemble, nous pouvons transformer chaque sortie en un petit pas vers plus de sérénité et de liens préservés.

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