Sorties en ehpad : idées simples pour maintenir le lien et le bien-être

Vous souhaitez que votre proche conserve des moments de vie à l’extérieur de l’établissement, que ces instants renforcent votre lien et contribuent à son bien‑être. Vous vous demandez comment organiser des sorties en EHPAD sans prendre de risques, ou vous craignez la fatigue, la météo ou la logistique. Je comprends ces inquiétudes : apporter la vie « dehors » à quelqu’un qui vit en établissement peut demander de l’organisation, mais les bénéfices sont souvent bien réels.

Je vous propose des pistes simples, concrètes et adaptables, pour que vos sorties deviennent des moments sûrs, agréables et porteurs de sens. Vous trouverez des idées d’activités, une check‑list pratique, des conseils pour préparer la sortie et des adaptations selon l’état de santé de votre proche. Mon objectif : vous donner des repères clairs pour maintenir le lien et favoriser l’autonomie, tout en respectant la sécurité et le rythme de la personne.

Pourquoi sortir de l’ehpad ? les bénéfices pour le lien et le bien‑être

Les sorties en EHPAD ne sont pas seulement des parenthèses agréables : elles jouent un rôle important dans la qualité de vie.

  • Stimuler les sens : le soleil, les odeurs, les sons d’un marché ou d’un parc offrent une stimulation sensorielle différente de celle de l’établissement.
  • Préserver la mémoire affective : aller dans un lieu familier (église, café, ancien quartier) réactive des souvenirs et des récits de vie.
  • Renforcer le lien familial : partager un café, une promenade ou un repas crée des échanges personnels, loin des contraintes du soin.
  • Favoriser l’autonomie et la dignité : être impliqué dans une décision, choisir où aller, s’habiller pour sortir, ce sont des gestes qui redonnent de la place à la personne.
  • Prévenir l’isolement et la dépression : la socialisation, même brève, améliore l’humeur et le sommeil chez beaucoup de personnes âgées.

Exemple concret : Mme Dupont, qui vivait en EHPAD depuis deux ans, se sentait souvent triste et retirée. Sa fille a proposé une promenade hebdomadaire au marché le samedi matin — 30 à 45 minutes — et a rapporté que Mme Dupont était plus alerte les jours suivants, aimait raconter les souvenirs liés aux étals et riait souvent pendant la sortie.

Ces petits moments font une grande différence.

Comment planifier une sortie simple et sécurisée

Organiser une sortie en toute confiance repose sur quelques étapes simples : préparation, adaptation et communication avec l’équipe de l’établissement.

Avant la sortie : préparer et coordonner

La préparation réduit l’anxiété et les imprévus. Voici une check‑list pratique à garder à portée de main avant chaque sortie :

  • Nom, contact d’urgence et carte vitale de la personne.
  • Ordonnances et médicaments à administrer pendant la sortie (heure prévue).
  • Vêtement adapté (couche, couverture, veste imperméable selon la météo).
  • Chaussures confortables et antidérapantes.
  • Pièce d’identité ou bracelet d’identification et téléphone chargé.
  • Moyens de transport prévus (voiture familiale, taxi, transport adapté).
  • Autorisation de sortie signée si nécessaire / information au référent de l’établissement.
  • Sac d’urgence : lingettes, mouchoirs, petit snack, eau, protections si besoin.
  • Si la personne est fragile, prévoir un accompagnant supplémentaire et demander de l’aide pour les transferts.
  • Informations sur la durée prévue et un plan de repli si la personne fatigue.

Avant de partir, je vous conseille de parler à l’infirmier(ère) ou à l’animateur(trice) : ils pourront vous indiquer l’état de santé du jour, adapter la prise de médicaments, préparer un fauteuil roulant et noter la sortie dans le dossier. Si une mesure de protection juridique (tutelle, curatelle) est en place, vérifiez le périmètre des décisions avec le tuteur.

Pendant la sortie : rythme, sécurité et accompagnement

  • Respectez le rythme : commencez par des sorties courtes (20–45 minutes) puis augmentez si tout se passe bien.
  • Gardez des repères familiers : montrer des photos du lieu, annoncer à l’avance le déroulé aide la personne à se situer.
  • Évitez les lieux trop stimulants si la personne est sensible au bruit ou aux foules. Préférez les heures calmes (matinée tôt, fin d’après‑midi) surtout en période froide ou à forte affluence.
  • Surveillez la fatigue et les signes d’inconfort (agitation, pâleur, somnolence) et n’hésitez pas à écourter la sortie.
  • Pour la sécurité physique, faites appel au personnel pour les transferts si la personne a des difficultés motrices ; n’essayez pas de soulever seul(e).

Après la sortie : observer et ajuster

Notez comment la personne a vécu la sortie : humeur, sommeil, appétit, paroles sur l’expérience. Un petit carnet de sorties permet de repérer ce qui fonctionne (durée, lieu, heure) et d’améliorer les sorties suivantes. Les photos (avec l’accord de la personne) peuvent aussi servir de support pour réactiver la mémoire.

Idées de sorties simples et adaptées

Voici des propositions faciles à organiser — certaines ne demandent qu’un court trajet — et adaptées à différents besoins.

  • Promenade dans un parc ou jardin public : bancs, arbres, odeurs, possibilité de s’asseoir et de profiter du paysage.
  • Pause café en terrasse ou au salon de thé : moment convivial, dégustation et échanges.
  • Marché local : stimulation visuelle et olfactive, souvenirs, achats simples (un fruit, une fleur).
  • Sortie « nostalgie » : visite du vieux quartier, du parvis d’une église ou du lieu de travail ancien — utile pour la mémoire autobiographique.
  • Bibliothèque ou médiathèque : lecture à voix haute, calme, possibilité de participer à un atelier.
  • Jardinage ou visite d’un jardin botanique : toucher la terre, sentir les fleurs.
  • Rencontre intergénérationnelle : crèche, école ou activité partagée avec des jeunes, souvent très stimulante.
  • Petit spectacle adapté (concert court, chorale, cinéma avec séances adaptées aux personnes âgées).
  • Pique‑nique léger ou déjeuner à l’extérieur : changer d’environnement pour une occasion particulière (anniversaire, fête).
  • Sorties sensorielles : visite d’un marché aux fleurs, atelier d’odeurs, dégustation de spécialités locales.

Exemple concret : M. Moreau, ancienne couturier, était très attaché aux tissus. Sa fille organise des sorties bimensuelles au marché aux tissus en ville : 40 minutes, quelques coupons achetés, puis un café. M. Moreau repart toujours avec des souvenirs et raconte des anecdotes de sa jeunesse.

N’oubliez pas : la valeur d’une sortie n’est pas sa durée ni sa destination mais l’attention et la qualité de la présence.

Adapter les sorties selon les besoins spécifiques

Chaque personne est unique : voici comment adapter les sorties selon des situations fréquentes.

Pour des personnes atteintes de troubles cognitifs (dont la démence)

  • Favorisez la répétition et les itinéraires connus. La familiarité réduit l’angoisse.
  • Utilisez des repères visuels : photos du lieu, petit carnet avec des images qui racontent la sortie.
  • Préférez les sorties courtes et calmes ; évitez la frénésie des grosses manifestations.
  • Préparez un plan de repli et un contact rapide avec l’EHPAD en cas de désorientation.

Exemple : Pour Mme Lacroix atteinte de démence légère, un trajet en voiture jusqu’au bord de mer, de trente minutes, avec une halte pour sentir l’air salin, suffit à stimuler sans fatiguer.

Pour des préoccupations de mobilité et santé physique

  • Vérifiez l’accessibilité des lieux (rampe, toilettes accessibles, bancs).
  • Privilégiez les transports adaptés et demandez au personnel si un fauteuil roulant est disponible.
  • Planifiez des pauses régulières ; emportez des collations et des boissons.
  • Faites appel à des professionnels pour les transferts si besoin.

En fin de vie ou en soins palliatifs

  • Les sorties peuvent être très courtes : un moment dans le jardin, regarder la rue depuis la voiture, sentir des fleurs.
  • L’objectif est de créer un moment de sens, pas de fatigabilité. Respectez l’intensité du moment et adaptez la durée.
  • Informez l’équipe soignante pour anticiper la prise d’antalgiques ou d’autres besoins médicaux.

Aspects juridiques et administratifs (à aborder avec l’équipe)

  • La personne a le droit à la liberté de circulation ; toutefois, si une mesure de protection (tutelle, curatelle) est en place, certaines décisions nécessitent l’accord du tuteur.
  • L’EHPAD doit être informé des sorties et peut exiger une autorisation écrite selon son organisation.
  • Intégrez les sorties souhaitées dans le projet de vie individualisé pour que l’équipe les prenne en compte.

Trucs pratiques pour maintenir le lien au fil du temps

Maintenir le lien demande de la régularité, mais aussi de la créativité. Voici des conseils simples qui aident à intégrer les sorties dans la vie au quotidien.

  • Instaurer un rituel : une sortie « café le mercredi » ou « promenade le dimanche » facilite l’anticipation et la préparation émotionnelle.
  • Partager les responsabilités : si la logistique vous pèse, organisez un planning familial où chacun prend une sortie par mois.
  • Impliquer l’équipe : l’animateur(trice) ou l’infirmier(ère) peut accompagner et proposer des sorties collectives.
  • Varier les formats : alternez petites sorties individuelles et sorties collectives proposées par l’établissement.
  • Utiliser les sorties comme supports de communication : apportez des objets significatifs (photos, petits souvenirs) pour déclencher le dialogue.
  • Photographier les moments (avec accord) et les afficher ensuite dans la chambre pour prolonger l’effet positif.
  • Respecter le budget : beaucoup d’activités sont gratuites (promenade, parc, marché). Pour les sorties payantes, planifiez à l’avance.

Exemple concret : La famille Martin a mis en place un calendrier mensuel. Chaque membre prend en charge une sortie simple (30 à 60 minutes). Le rythme régulier a permis d’éviter l’épuisement des aidants et a multiplié les occasions de partage pour Mme Martin.

Signes à surveiller : quand reporter ou annuler une sortie

Certaines situations exigent prudence. Reportez la sortie si :

  • la personne présente une fièvre, diarrhée, vomissements ou état infectieux ;
  • elle est très confuse, somnolente ou refuse systématiquement la sortie ;
  • la météo est dangereuse (pluie verglaçante, grand froid sans protection adaptée) ;
  • l’équipe de soins estime que l’état clinique du jour ne permet pas la sortie.

En cas de doute, demandez l’avis du médecin ou de l’infirmier(ère).

Organiser des sorties en EHPAD ne demande pas forcément de grands moyens : ce sont souvent les petites sorties qui nourrissent le mieux le lien et le bien‑être. En anticipant simplement, en coordonnant avec l’équipe soignante et en respectant le rythme et les préférences de votre proche, vous transformez une promenade, un café ou une visite au marché en moments précieux de vie partagée.

Je vous encourage à commencer petit, à garder un carnet de ce qui a bien marché et à intégrer ces moments dans le projet de vie de la personne. Si vous avez des questions pratiques sur une sortie précise (mobilité, transport adapté, autorisation), parlez‑en avec l’équipe de l’EHPAD : elle saura vous orienter et vous accompagner.

Vous n’êtes pas seul(e) dans cette démarche. Chaque sortie réussie est une victoire douce : elle rappelle que la vie continue, qu’elle est partageable, et qu’elle garde sa valeur, même à l’extérieur des murs de l’établissement.

Retour en haut