Comment vivre sereinement le quotidien en ehpad : conseils et astuces pour les familles

Vous vous demandez comment vivre sereinement le quotidien en EHPAD pour votre parent ou un proche ? Vous n’êtes pas seul·e : l’entrée en établissement bouleverse souvent les habitudes, suscite des sentiments contradictoires (culpabilité, soulagement, inquiétude) et pose des questions très concrètes sur la vie de tous les jours.

Je vous propose ici des conseils concrets, faciles à appliquer, et des astuces éprouvées pour retrouver du calme, garder le lien avec votre proche et collaborer sereinement avec l’équipe. Mon objectif est de vous donner des repères pratiques et rassurants pour que la vie en établissement soit la plus douce possible, pour votre parent comme pour votre famille.

Comprendre le quotidien en ehpad : ce qui change vraiment

Avant tout, il est utile de savoir à quoi ressemble un jour classique en structure. Les EHPAD organisent la journée autour de soins, de repas, d’animations et du repos. L’objectif est d’assurer la sécurité, le confort et la qualité de vie de chaque résident, tout en respectant ses habitudes quand c’est possible.

  • L’équipe est pluridisciplinaire : personnel soignant (infirmiers, aides-soignants), animateurs, services hôteliers (cuisine, entretien), médecin traitant et direction. Chacun a un rôle précis pour accompagner le résident.
  • Le rythme collectif (heures de repas, activités) est souvent nécessaire pour l’organisation. Mais un bon établissement cherche à individualiser l’accompagnement via un projet de vie personnalisé qui prend en compte les goûts, les habitudes et l’histoire de la personne.
  • La transition peut être difficile les premières semaines : fatigue, désorientation, perte d’appétit sont fréquentes. Avec de la patience et des repères, la plupart des résidents s’adaptent et retrouvent des plaisirs simples : un café partagé, une promenade, un échange avec un autre résident.

Exemple concret : Mme Dupont, 88 ans, était très anxieuse les deux premières semaines. Sa fille a apporté un album photo et a demandé au personnel d’installer une petite horloge et un calendrier grand format dans sa chambre. En trois semaines, Mme Dupont a commencé à participer à l’atelier chant et a retrouvé un meilleur sommeil. Ces petits repères ont tout changé.

Préparer le quotidien : les indispensables matériels et administratifs

Avoir un dossier clair et quelques objets familiers aide beaucoup la personne accueillie à se sentir « chez elle ». Voici une liste simple et pratique à garder.

Checklist pratique à apporter lors de l’entrée ou à garder à jour

  • Pièces d’identité et carte vitale / mutuelle, coordonnées des personnes à contacter
  • Liste des médicaments (nom, posologie) et ordonnances récentes, coordonnées du médecin traitant
  • Lunettes, appareil auditif (avec piles de rechange et étiquetage), dentier (boîte étiquetée)
  • Vêtements confortables, faciles à enfiler, étiquetés au nom du résident (surtout sous-vêtements, pulls et chaussures)
  • Photos de famille, petits objets personnels (châle, tasse préférée, carte postale) pour créer un environnement familier
  • Document indiquant les habitudes (heure du lever, régime alimentaire, phobies, rituels) et les directives anticipées si elles existent

Ces éléments facilitent le travail du personnel, limitent les pertes et offrent à votre proche des repères concrets.

Astuces pratiques pour le quotidien

Voici des actions simples à mettre en place, testées par des familles, qui améliorent le confort et l’autonomie de la personne accueillie.

Créer des repères et préserver l’autonomie

  • Respectez les petits choix quotidiens : proposer deux tenues plutôt que décider seule, laisser choisir la boisson ou l’heure de la promenade. C’est essentiel pour préserver la dignité.
  • Installez un calendrier et une horloge lisibles dans la chambre. Les repères visuels réduisent l’anxiété.
  • Encouragez les gestes que la personne peut encore faire (se brosser les dents, se coiffer) : l’autonomie entretenue ralentit la perte d’autonomie.

Alimentation et plaisirs

  • Les repas collectifs sont importants pour le lien social. Si l’appétit baisse, signalez-le rapidement au personnel pour adapter les textures ou les horaires.
  • Apportez occasionnellement un petit plat préféré (après accord avec l’équipe concernant hygiène et régime) : ça crée des moments de plaisir et de partage.
  • Vérifiez que la personne boit régulièrement. Une gourde ou une petite carafe à portée peut aider.

Confort et sommeil

  • Évitez les siestes longues en journée si le sommeil nocturne est perturbé : privilégiez de courtes pauses et des moments d’activité.
  • Un rituel du coucher (lecture, musique douce) aide souvent à retrouver un meilleur sommeil.
  • Vérifiez l’éclairage de la chambre : une petite veilleuse peut rassurer la nuit.

Hygiène et soins

  • Demandez à être informé des rendez-vous (coiffeur, podologue, médecin) et de la fréquence des soins d’hygiène. Un suivi régulier évite de petits problèmes (ongles, peau fragile, prothèse dentaire mal entretenue).
  • Le brossage des dents et l’hydratation des lèvres sont souvent négligés mais améliorent grandement le confort.

Communiquer avec une personne atteinte de troubles cognitifs

Les troubles de la mémoire demandent des ajustements dans la façon de parler et d’interagir. Voici des conseils pratiques faciles à appliquer :

  • Approchez-vous par l’avant, nommez-vous simplement : « Bonjour, je suis [votre prénom], je viens te voir. » La surprise diminue.
  • Utilisez des phrases courtes et positives, une seule idée à la fois.
  • Donnez le choix entre deux options plutôt qu’une question ouverte : « Vous préférez le pull bleu ou le pull gris ? »
  • Évitez les contradictions et la logique argumentative : la validation (reconnaître le sentiment) est souvent plus apaisante que la correction.
  • Utilisez des repères sensoriels : une photo, une chanson, le parfum d’un savon peuvent déclencher des souvenirs positifs.
  • Parlez lentement, regardez la personne et souriez. Le ton de voix et le contact rassurant comptent plus que la quantité d’informations.

Exemple : Pour M. Antoine, devenir agressif pendant la toilette était source d’angoisse. Sa famille a demandé à l’équipe d’introduire une musique douce et de prévenir M. Antoine une minute avant l’intervention. La tension a beaucoup diminué.

Maintenir le lien familial : qualité plutôt que quantité

Le lien se travaille chaque jour. Ce n’est pas la longueur des visites qui compte, mais leur qualité et leur régularité.

  • Favorisez des visites courtes et régulières si possible : elles rassurent et créent une routine. Une visite hebdomadaire à heure fixe peut devenir un repère précieux.
  • Proposez des activités partagées : lire le journal, regarder un album photo, écouter une chanson, faire quelques pas dans le jardin.
  • Racontez des nouvelles de façon positive et simple : évitez des informations stressantes qui pourraient perturber la personne.
  • Pour les familles éloignées : privilégiez les appels vidéo, l’envoi de photos, et demandez au personnel de relayer des messages si besoin.
  • Conservez des rituels familiaux (fêter un anniversaire, apporter un dessert le dimanche) : ces répétitions donnent du sens.

Exemple : La fille de M. Leclerc s’organise pour envoyer chaque semaine une photo : un animal de compagnie, un paysage, une petite note. M. Leclerc attend sa photo et commente souvent avec le personnel — un lien qui traverse la distance.

Travailler en confiance avec l’équipe soignante

Une bonne relation entre la famille et l’équipe est un élément clé de sérénité. Voici comment la construire :

  • Présentez-vous auprès de l’équipe et demandez qui est la personne référente (infirmier·ère, aide-soignant·e, animateur). Connaître les noms facilite la confiance.
  • Participez aux réunions de suivi ou demandez un rendez-vous si vous avez des inquiétudes. Le projet de vie personnalisé se construit avec vous.
  • Tenez un carnet de liaison (écrit ou numérique) si l’établissement le propose : notez les petites informations importantes (appétit, humeur, chute éventuelle).
  • Soyez précis·e et calme lorsque vous formulez une demande ou une critique : indiquer la situation, ce que vous avez observé, votre souhait, facilite la résolution.
  • Demandez des explications sur les pratiques (médication, prévention des chutes, nutrition) sans crainte : vous avez le droit d’être informé·e.

Conseil pratique : désignez une personne de la famille comme interlocuteur·rice principal·e. Ça évite les messages contradictoires et soulage les échanges avec l’équipe.

Gérer les émotions : culpabilité, soulagement, colère

Accueillir ses émotions est essentiel. Vous pouvez ressentir plusieurs sentiments contradictoires : la culpabilité d’avoir placé votre proche, le soulagement de savoir qu’il reçoit des soins, la colère face aux changements.

  • Permettez-vous d’éprouver ces émotions sans jugement. Elles sont normales.
  • Parlez-en avec d’autres proches, avec le personnel si vous avez un lien de confiance, ou avec des groupes de soutien pour aidants. Partager dédramatise.
  • Prenez soin de votre propre santé : sommeil, alimentation, sorties. Vous ne pouvez pas soutenir durablement votre proche si vous êtes épuisé·e.
  • Si la culpabilité persiste, rappelez-vous les raisons de votre choix : sécurité, soins adaptés, maintien d’une vie sociale. Ces motivations sont valables et légitimes.

Exemple : Claire, aidante de son père, culpabilisait chaque soir. Elle a accepté de rejoindre un groupe d’échange d’aidants et a constaté que parler de ses doutes la soulageait et l’aidait à retrouver de l’énergie pour ses visites.

Signes d’alerte et que faire en cas de problème sérieux

Il est important de repérer rapidement certains signes qui nécessitent une attention particulière : perte de poids rapide, fièvre, plaies qui ne cicatrisent pas, isolement social, modification brutale du comportement, erreurs répétées dans la prise de médicaments.

Si vous observez un problème :

  • Parlez d’abord avec l’équipe soignante (infirmier·ère ou cadre). Demandez des explications et une réunion si nécessaire.
  • Notez les faits : dates, horaires, personnes présentes, photos si approprié (avec accord).
  • Si la situation ne s’améliore pas, demandez un rendez-vous avec la direction. Exposez calmement les éléments et vos attentes.
  • En dernier recours, si vous pensez que la sécurité ou la dignité de la personne est compromise, contactez une association d’aidants ou un service d’accompagnement local pour être conseillé sur les démarches à suivre.

Je vous encourage à garder à l’esprit qu’un établissement sérieux cherche en général à résoudre les problèmes rapidement : une démarche claire et documentée facilite les réactions adaptées.

Petites attentions qui font une grande différence

Les détails ont souvent un effet immense sur le bien-être :

  • Un album photo à portée de main, une playlist de chansons d’enfance, une petite plante (après accord), une bouillotte pour l’hiver.
  • L’étiquetage des vêtements et du matériel personnel : ça évite les pertes et les échanges.
  • Valoriser les petites fonctions : demander l’avis du résident sur un détail, lui confier une tâche adaptée (plier des serviettes) renforce l’estime de soi.
  • Prévoir des moments de partage avec d’autres familles : un goûter collectif, une décoration saisonnière, une lecture.

Avant d’apporter un objet, demandez au personnel si ça est compatible avec les règles d’hygiène et de sécurité.

Ressources et aides : ne restez pas seul·e

De nombreuses associations et structures locales proposent soutien, information et ateliers pour les familles. N’hésitez pas à :

  • Vous renseigner auprès de la permanence sociale de l’établissement.
  • Rejoindre un groupe d’aidants locaux ou en ligne.
  • Demander des informations sur les aides financières possibles si besoin (le personnel administratif de l’EHPAD peut souvent vous orienter).

Ces ressources sont précieuses pour partager des expériences et obtenir des conseils pratiques.

Vivre sereinement le quotidien en EHPAD est un travail à plusieurs : vous, votre proche, l’équipe, et parfois d’autres familles. Avec des repères simples — un dossier clair, des objets familiers, des visites régulières et de qualité, une communication respectueuse avec l’équipe — vous pouvez grandement améliorer la qualité de vie de votre parent et votre tranquillité d’esprit.

Rappelez-vous : la stabilité, la patience et l’écoute font des miracles. Si vous avez un doute, parlez-en ; si vous êtes fatigué·e, acceptez de l’aide. Vous n’êtes pas seul·e dans cette étape de vie. Je vous encourage à reprendre ces conseils à votre rythme, à adapter ce qui fonctionne pour votre famille, et à garder la confiance : chaque petit geste compte.

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