Vous vous apprêtez à accompagner un proche dans son entrée en EHPAD et ressentez cette coupable impression de « l’abandonner » ou de « ne pas faire assez ». Cette émotion, aussi fréquente que compréhensible, peut peser lourd au quotidien. Pourtant, il est possible d’apprivoiser cette culpabilité pour mieux vivre cette étape cruciale. Je vous propose ici des conseils concrets et bienveillants pour vous accompagner avec sérénité.
Comprendre l’origine de la culpabilité liée à l’entrée en ehpad
La culpabilité que ressentent les familles lors de l’entrée en EHPAD est souvent nourrie par plusieurs facteurs émotionnels et sociaux. D’abord, il y a le poids des attentes personnelles : « Je devrais pouvoir m’occuper de mon parent moi-même » ou « C’est mon devoir de rester à ses côtés ». Se mêlent les jugements extérieurs, parfois implicites, qui peuvent renforcer ce sentiment. La peur du changement et de la perte d’autonomie du proche génère un choc affectif important.
Pour illustrer, Marie, aidante de 68 ans, raconte :
« Quand j’ai décidé d’installer ma mère en EHPAD, je pensais trahir notre lien. J’avais peur que les autres me jugent. Au fil des semaines, j’ai compris que c’était une décision d’amour, pas d’abandon. »
Reconnaître et nommer cette culpabilité est la première étape pour ne pas se laisser submerger. Elle est normale, humaine, et ne signifie pas que vous avez fait un mauvais choix.
Se rappeler les raisons concrètes et légitimes du choix de l’ehpad
Souvent, le sentiment de culpabilité naît d’une vision idéalisée ou culpabilisante du rôle d’aidant. Pourtant, choisir l’EHPAD, c’est avant tout mettre en priorité le bien-être, la sécurité et la qualité de vie de votre proche. Les raisons qui motivent cette étape sont légitimes et souvent incontournables :
- La perte d’autonomie physique ou cognitive qui nécessite un accompagnement professionnel 24h/24.
- La fatigue de l’aidant, qui peut mettre en danger la santé de toute la famille.
- La volonté de garantir un environnement adapté avec des soins médicaux et une vie sociale.
- L’accès à des activités stimulantes et un cadre sécurisé difficile à instaurer à domicile.
Penser à ces aspects concrets permet de relativiser la charge émotionnelle et de valoriser le choix fait. Comme le souligne la psychologue Anne Dupuis :
« L’EHPAD représente souvent une solution responsable et bienveillante, même si elle est difficile à accepter. »
Maintenir un lien fort et régulier avec votre proche en ehpad
Pour maintenir un lien fort avec un proche en EHPAD, il est essentiel d’adopter des stratégies adaptées à cette situation délicate. La distance physique ne doit pas être un obstacle à l’affection et à la communication. En effet, des gestes simples, comme des appels réguliers ou des envois de lettres, peuvent significativement renforcer le lien familial. Par ailleurs, il est important de reconnaître que la culpabilité liée à l’éloignement est un sentiment courant, mais il ne doit pas entraver les efforts de connexion. En apportant du réconfort au résident, on apaise également les inquiétudes liées à cette distance.
Explorer des moyens créatifs pour rester en contact peut transformer cette période difficile en une opportunité de renforcer les liens. Que ce soit par des visites virtuelles, des enregistrements audio de moments partagés, ou même des projets communs à distance, chaque initiative compte. Ces efforts, loin d’être une simple obligation, peuvent devenir une source de joie tant pour le résident que pour son entourage. Être là, même à distance, constitue un véritable soutien émotionnel. Quelles pistes allez-vous explorer pour nourrir ce lien précieux ?
La culpabilité liée à l’éloignement peut s’atténuer en renforçant la qualité du lien familial. Être présent, même autrement, est une source immense de réconfort pour le résident et pour vous-même. Voici quelques pistes à explorer :
- Visites régulières, même courtes, pour montrer votre présence.
- Appels téléphoniques ou visioconférences pour rester connectés malgré la distance.
- Participation aux activités proposées par l’EHPAD, afin de partager des moments ensemble.
- Impliquer d’autres membres de la famille ou amis pour créer un réseau de soutien.
Par exemple, Paul, qui habite loin, a instauré un rituel hebdomadaire d’appels vidéo avec sa mère. Ce contact lui a permis de diminuer son sentiment de culpabilité et de rester un acteur important dans sa vie.
S’appuyer sur l’équipe de l’ehpad : un partenariat essentiel
L’EHPAD n’est pas seulement un lieu de soins, c’est aussi une équipe professionnelle dédiée au bien-être de votre proche. Se rapprocher des soignants, des animateurs et du personnel médico-social est un levier important pour apaiser la culpabilité.
- Dialoguer avec l’équipe pour mieux comprendre le quotidien de votre parent.
- Participer aux réunions de suivi du projet de vie individualisé.
- Partager vos émotions et inquiétudes avec le personnel, qui est là pour vous soutenir.
- Se former ou s’informer sur les spécificités de la maladie ou de la dépendance.
Ce partenariat transforme la relation d’aide en un travail d’équipe, où chacun a un rôle précieux. Vous n’êtes plus seul face à la situation.
S’accorder du temps et du soutien pour soi-même
La culpabilité peut devenir un poids si elle empêche de prendre soin de soi. Pourtant, votre bien-être est fondamental, car vous êtes un pilier pour votre proche. Voici quelques conseils pour vous préserver :
- Accorder des temps de pause, sans culpabiliser.
- Chercher du soutien auprès d’associations d’aidants ou de groupes de parole.
- Consulter un professionnel, psychologue ou médiateur familial, pour exprimer vos émotions.
- Pratiquer des activités qui vous ressourcent, même simples (marche, lecture, hobby).
Prendre soin de soi est un acte de responsabilité et d’amour. Il vous permet d’accompagner votre proche avec plus de sérénité et d’énergie.
La culpabilité lors de l’entrée en EHPAD est une émotion naturelle, mais elle ne doit pas vous isoler ni vous paralyser. En comprenant son origine, en valorisant les raisons du choix, en cultivant le lien avec votre proche, en collaborant avec l’équipe soignante et en prenant soin de vous, vous transformez cette étape difficile en une nouvelle forme d’accompagnement. Vous n’êtes pas seul, et chaque pas que vous faites est un acte d’amour et de respect. N’hésitez pas à poser vos questions et à solliciter de l’aide : ensemble, vous construirez le meilleur chemin possible pour vous et votre parent.
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