Soutenir son proche en ehpad : conseils pour un partenariat efficace avec l’équipe soignante

Vous vous demandez comment soutenir au mieux votre proche en EHPAD sans empiéter sur le travail de l’équipe soignante ? Vous n’êtes pas seul·e. J’écris ici pour vous donner des repères pratiques, humains et concrets afin de bâtir un partenariat efficace avec l’équipe soignante, centré sur le bien-être de votre proche et le respect des rôles de chacun.

Comprendre le partenariat : rôles, attentes et principes de base

Pour qu’un partenariat fonctionne, il faut d’abord clarifier les rôles. En tant que proche, vous apportez la connaissance de l’histoire, des goûts, des habitudes et des valeurs du résident. L’équipe soignante apporte son expertise médicale, soignante et organisationnelle. Mon conseil : partez de cette complémentarité plutôt que de la confrontation.

Je vous recommande de demander dès l’arrivée un entretien d’accueil avec l’infirmier·ère coordinateur·rice ou le référent de l’unité. Cet échange est l’occasion de partager trois informations essentielles : les habitudes quotidiennes (repas, sommeil), les repères émotionnels (peurs, sujets sensibles) et les contacts à mobiliser en cas de besoin. Lorsque j’accompagne des familles, je suggère de préparer une fiche résumée — une page A4 — qu’on laisse au dossier du résident. Ça facilite la continuité des soins et évite les répétitions.

Quelques principes simples à garder en tête :

  • Respectez les rôles professionnels : l’équipe prend les décisions médicales, vous apportez le contexte personnel.
  • Favorisez la transparence : dites ce que vous observez, sans porter de jugement sur les décisions prises.
  • Adoptez la régularité : des visites et des échanges réguliers renforcent la confiance mutuelle.

Un exemple concret : Mme L. avait des troubles du sommeil. Sa fille, en transmettant la routine du coucher de sa mère (lecture, musique douce), a permis aux soignant·es d’adapter le rituel. Résultat : moins d’anxiété, moins de traitements sédatifs. Ce type d’information simple est souvent déterminant.

Communiquer efficacement : outils, fréquence et ton

La communication est la colonne vertébrale du partenariat. Pour qu’elle soit productive, elle doit être structurée, respectueuse et orientée vers des objectifs partagés. Voici des pratiques que je préconise et que j’ai vues porter leurs fruits.

Établissez un mode de communication principal : téléphone, mail sécurisé, cahier de liaison ou application dédiée. Demandez à l’équipe ce qui est le plus adapté à leur organisation. Par exemple, dans certaines unités, un cahier de liaison est consulté quotidiennement par les aides-soignant·es et permet une information rapide sur le moral ou l’appétit du résident.

Privilégiez des échanges brefs et concrets :

  • Commencez par une phrase de contexte : « J’ai constaté que… »
  • Donnez un exemple daté : « Ce matin, il n’a pas pris son petit-déjeuner. »
  • Posez une question claire ou proposez une action : « Pouvez-vous vérifier la douleur ? »

Assurez-vous aussi de demander des comptes-rendus après les changements : modification d’un traitement, nouvelle prise en charge paramédicale, ajustements du projet de vie personnalisé. Les réunions de suivi (mensuelles ou trimestrielles) sont des moments privilégiés pour faire le point ensemble. Si vous ne pouvez pas assister, demandez un compte-rendu écrit.

Soignez le ton : la reconnaissance envers le travail réalisé et des retours constructifs favorisent l’engagement des équipes. Une simple phrase de remerciement après un geste difficile peut tout changer.

Participer au projet de vie et aux soins : ce que vous pouvez faire concrètement

Le projet de vie personnalisé est un outil central pour garantir la qualité de vie du résident. Il rassemble objectifs, habitudes, activités et adaptations possibles. En tant que proche, vous pouvez enrichir ce projet de façon très concrète.

Commencez par proposer des activités ou des routines qui tiennent à cœur au résident : promenades, ateliers créatifs, rituels familiaux. Si votre parent aimait jardiner, par exemple, suggérez la mise en place d’un petit potager en bac. Les équipes apprécient souvent ces propositions qui renforcent la dimension humaine de l’accompagnement.

Vous pouvez aussi jouer un rôle dans les soins non médicaux : aide lors des repas, participation à des animations, présence lors des rendez-vous médicaux pour apporter du soutien moral ou contextualiser des symptômes. Attention : pour les soins techniques (injections, pansements), laissez l’équipe agir — la sécurité reste prioritaire.

Quelques outils pratiques :

  • Une fiche « Ce qui me réconforte » (photos, musique, expressions familières).
  • Un calendrier partagé des visites pour coordonner la présence familiale.
  • La délégation d’un interlocuteur familial unique (référent), pour éviter la dispersion des informations.

Un exemple : lors d’une hospitalisation récurrente, une famille a organisé une visite hebdomadaire systématique pour tenir à jour le dossier et participer aux démarches administratives. Cette régularité a réduit les malentendus et fluidifié les décisions.

Gérer les tensions, les limites et la confidentialité : démarches et recours

Même avec de bonnes intentions, des tensions peuvent survenir. Elles peuvent provenir de différences d’attente, de communication défaillante ou d’un sentiment d’impuissance. J’accompagne souvent des familles qui se sentent jugées ou ignorées ; il existe des étapes claires pour résoudre ces situations.

D’abord, exprimez le problème calmement au référent de l’unité. Demandez un rendez-vous formel si nécessaire, en vous appuyant sur des faits précis (dates, observations). Si la réponse n’est pas satisfaisante, sollicitez la direction de l’EHPAD. Le conseil de la vie sociale (CVS) et le médiateur sont des instances utiles pour faire entendre votre voix.

Respectez le secret médical : l’équipe peut partager des informations utiles au quotidien mais certaines données restent confidentielles. Si vous êtes le mandataire ou titulaire d’un mandat de protection future, informez l’équipe et présentez les documents officiels. Ça clarifie vos droits et responsabilités.

Si la situation perdure, n’hésitez pas à faire appel à des associations d’usagers ou à un médiateur de santé pour une tierce perspective. L’objectif n’est pas de « gagner » une dispute, mais de restaurer un climat de confiance pour le bien-être du résident.

Maintenir le lien familial et prendre soin de vous : équilibre et prévention de l’épuisement

Soutenir un proche en EHPAD peut être émouvant, parfois culpabilisant, souvent épuisant. Pour que votre engagement soit durable, il faut penser à vous. Je rappelle toujours aux familles : on ne peut pas accompagner efficacement si l’on est soi-même à bout.

Organisez des visites de qualité plutôt que des visites à vide. Privilégiez des moments de partage (écouter un souvenir, regarder des photos, lire ensemble) qui nourrissent le lien. Variez les formats : téléphone, messages vocaux, petits colis personnalisés, participation aux animations.

N’oubliez pas de vous informer sur les aides disponibles : congés familiaux, allocations, associations d’aidants. Partager la responsabilité avec d’autres proches ou un·e aidant·e professionnel·le permet d’éviter l’épuisement. J’encourage aussi la mise en place d’un réseau de soutien (amis, groupes de parole, soutien psychologique).

Construire un partenariat efficace avec l’équipe soignante repose sur la clarté des rôles, une communication structurée, la participation au projet de vie, la gestion mesurée des conflits et la préservation de votre propre équilibre. Je vous invite à commencer petit : une fiche résumée, un rendez-vous d’accueil, un interlocuteur référent — autant de gestes simples qui produisent un grand impact. Si vous le souhaitez, je peux vous proposer un modèle de fiche à remettre à l’équipe.

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