Comment choisir un service de soins en ehpad qui respecte la dignité de votre proche

Vous vous demandez comment choisir un service de soins en EHPAD qui respecte la dignité de votre proche ? Vous n’êtes pas seul·e. Je vous accompagne avec des repères concrets pour repérer une culture de soin respectueuse, poser les bonnes questions, et prendre une décision en confiance. Voici un guide pratique, rassurant et centré sur la personne.

Comprendre ce que signifie la dignité en soins

Quand je parle de dignité, j’entends d’abord la reconnaissance de la personne dans sa globalité : son histoire, ses habitudes, ses choix et ses fragilités. La dignité n’est pas un concept abstrait : elle se voit dans des gestes simples, des paroles et des pratiques quotidiennes. Pour vous aider à la repérer, j’utilise quatre dimensions faciles à observer.

  • Respect de l’intimité : la toilette se fait avec respect (rideau fermé, personnel parlant avant d’agir), les soins sont expliqués, le résident peut refuser ou demander de l’aide.
  • Promotion de l’autonomie : on cherche d’abord ce que la personne peut encore faire, on propose des aides adaptées plutôt que de tout faire à sa place.
  • Reconnaissance de la personne : l’équipe connaît le parcours, les goûts, les habitudes alimentaires, et les intègre dans le quotidien.
  • Communication et écoute : on informe la famille, on échange sur les évolutions et on prend en compte les préférences du résident.

Exemple concret : Mme Dupont aimait continuer à se coiffer le matin. Un service respectueux lui proposait d’aider sa main plutôt que de faire la coiffure à sa place. Ce simple choix lui a redonné une part d’autonomie et de fierté.

Quelques signaux d’alerte :

  • routines strictes et identiques pour tous (lever, toilette, repas à heures fixes sans adaptation) ;
  • soignants qui parlent de la personne à la troisième personne devant elle ;
  • absence d’explication avant un soin, gestes brusques, manque de pudeur.

Quelques signes positifs :

  • l’équipe utilise le nom du résident, évoque ses préférences, adapte les horaires ;
  • présence visible d’un projet de vie personnalisé et de réunions de suivi ;
  • formation continue du personnel à la bientraitance et aux pathologies comme Alzheimer.

Pour avoir une image complète, combinez observation directe (visite), questions ciblées et recueil d’avis (familles, associations locales). La dignité se construit au fil des routines : cherchez la cohérence entre la parole et l’action. Si un établissement affiche la bientraitance sur sa charte, vérifiez comment ça se traduit concrètement au quotidien.

Je vous conseille de noter lors de vos visites trois exemples positifs et deux éléments préoccupants. Cette méthode simple vous permet de comparer objectivement plusieurs structures et de garder le cap sur ce qui compte vraiment : le respect de la personne plutôt que la simple qualité matérielle des locaux.

Évaluer la culture de soin lors d’une visite

La visite est l’occasion clé pour sentir la culture de soin. J’invite toujours les familles à observer, poser des questions et écouter les interactions. Voici comment structurer votre visite pour évaluer si le service respecte la dignité.

Avant la visite : préparez 8–10 questions courtes (ex. : « Comment organisez-vous la toilette des résidents qui refusent ? »). Informez-vous sur l’équipe (taux d’encadrement, formations), le projet d’établissement et le projet de vie individualisé.

Pendant la visite, observez :

  • l’accueil : êtes-vous reçus avec chaleur ? L’équipe connaît-elle les noms des résidents ?
  • les interactions : les soignants sourient-ils ? Parlent-ils au résident avant d’agir ?
  • l’ambiance : calme, bruyante, tendue ? Les résidents semblent-ils impliqués (activités, conversations) ?
  • les espaces : respect de l’intimité (espaces pour soins, chambres personnelles), propreté, accessibilité.
  • les repas : horaires, choix des menus, aide au repas respectueuse, présence d’un coin convivial.

Questions à poser à l’équipe (formulation simple et directe) :

  • « Comment construisez-vous le projet de vie d’un nouveau résident ? »
  • « Qui prend les décisions quand il y a un changement de santé ? »
  • « Quelles formations sur la bientraitance et les troubles cognitifs le personnel suit-il ? »
  • « Comment gérez-vous la douleur et l’isolement ? »
  • « Pouvez-vous me montrer un exemple de projet personnalisé ? »

Je regarde aussi les pratiques visibles : affichage des droits, existence d’un référent famille, déroulement d’une réunion de synthèse, protocoles pour la prévention des chutes ou des escarres. Un bon signe : des documents clairs et compréhensibles, une personne référente capable d’expliquer le quotidien du résident.

Anecdote : lors d’une visite, j’ai vu une infirmière s’accroupir pour parler au niveau des yeux d’un résident sourd, et utiliser des gestes pour expliquer un soin. Ce petit geste montrait une attention au respect et à la communication qui m’a beaucoup rassurée.

N’hésitez pas à rencontrer d’autres familles, à lire les avis locaux (associations d’usagers) et à vous renseigner sur l’historique de l’établissement (contrôles, plaintes). La culture de soin se voit dans la façon dont l’équipe parle de ses difficultés : une équipe qui assume ses limites et cherche à s’améliorer est souvent plus fiable qu’une qui affiche une perfection sans nuance.

Vérifier les pratiques concrètes et les droits du résident

La dignité se manifeste dans des gestes quotidiens et des pratiques encadrées par des droits. Lorsque j’accompagne des familles, je leur demande d’observer des éléments concrets et de vérifier certains documents pour s’assurer du respect des droits du résident.

Points pratiques à vérifier :

  • La toilette et l’habillage : se font-ils dans le respect de l’intimité ? Le résident peut-il choisir l’heure et la tenue ?
  • La douleur et les soins : existe-t-il une évaluation régulière de la douleur ? Les traitements sont-ils expliqués et refus possibles respectés ?
  • Les contenants et contraintes : quelles pratiques en cas d’agitation (contention physique, chimique) ? Les alternatives non pharmacologiques sont-elles privilégiées ?
  • Les soins d’hygiène : fréquences, prévention des escarres, gestion de l’incontinence.
  • La confidentialité : les informations médicales sont-elles protégées ? Le dossier de soins est-il accessible sur demande ?
  • Les visites et la liberté de circulation : horaires, modalités, règles pour les sorties.

Droits à connaître (résumés simplement) :

  • Droit à l’information et au consentement : le résident doit être informé et donner son accord, sauf urgence.
  • Droit au respect de l’intimité et de la vie privée.
  • Droit à la participation aux décisions (incluant la famille si la personne l’a souhaité).
  • Droit de porter réclamation et d’être accompagné (défenseur des droits, associations d’usagers).

Exemple : Monsieur L. présentait des troubles du comportement. Son équipe avait mis en place un protocole clair : évaluation pluridisciplinaire, techniques non médicamenteuses (réorientation, animation ciblée), et recours à une prescription médicamenteuse seulement si nécessaire, avec information de la famille. Ce protocole écrit a évité des utilisations inappropriées de sédatifs.

Quelques questions administratives à vérifier :

  • Le contrat de séjour mentionne-t-il clairement les prestations de soins et leur coût ?
  • Existe-t-il une charte de la personne accueillie et des preuves de sa diffusion ?
  • Y a-t-il un médiateur, un conseil de la vie sociale (CVS) actif ?
  • L’établissement a-t-il des partenariats (gériatre, kinésithérapeute, psychologue) ?

Si vous repérez des pratiques contraires à la dignité (contention systématique, manque d’information, refus de la famille à être informée), demandez des explications écrites et impliquez un médecin traitant ou une association d’usagers. En cas d’urgence ou de manquement grave, le Défenseur des droits ou les services d’inspection peuvent être saisis.

La vérification des droits et des pratiques n’est pas un contrôle hostile : c’est une manière de sécuriser le quotidien de votre proche. Insistez sur la rédaction écrite des engagements et sur des exemples concrets (comment a-t-on géré telle situation ?) pour mesurer la réalité derrière les mots.

Impliquer la famille et sécuriser le projet de vie

Pour moi, la famille n’est pas une simple visiteuse : elle est un partenaire essentiel du projet de vie. Un service de soins qui respecte la dignité implique les proches, facilite la communication et met en place des dispositifs concrets pour co-construire la prise en charge.

Comment s’impliquer sans être intrusif :

  • Demandez un référent famille ou une personne ressource dans l’établissement.
  • Participez à la rédaction du projet de vie individualisé : apportez des informations sur les habitudes, les goûts, les routines.
  • Demandez une réunion d’entrée puis des suivis réguliers (mensuels, trimestriels selon la situation).
  • Proposez des gestes simples : apporter un vêtement connu, une photo, un objet familier pour favoriser le repérage et la continuité identitaire.

Rôles de l’établissement à exiger :

  • Transparence sur les décisions médicales et organisationnelles ; information écrite des changements importants.
  • Accès au dossier de soins et compte-rendu des réunions.
  • Mise en place d’un accompagnement spécifique en cas de troubles cognitifs (formation, adaptations environnementales, animation ciblée).
  • Politique de gestion des risques (chutes, fugues) clairement partagée et adaptée à la personne.

Tableau synthétique (exemple de critères à demander)

Critère Preuve demandée Pourquoi c’est important
Projet de vie personnalisé Document signé, compte-rendu Assure la prise en compte des préférences
Référent famille Nom et coordonnées Facilite la communication rapide
Formation du personnel Plan de formation annuel Mesure l’engagement sur la bientraitance
Protocoles contention Document et alternatives Évite les pratiques arbitraires
Réunions régulières Minutes ou comptes-rendus Permet le suivi et les ajustements

Anecdote : une famille m’a raconté qu’en proposant une playlist musicale à l’équipe, le comportement d’un résident s’était apaisé. L’établissement a intégré cette idée au projet de vie : exemple concret d’écoute et d’adaptation.

Que faire en cas de désaccord ?

  • Exprimez clairement vos observations en réunion (écrites si possible).
  • Demandez un médiateur ou le recours à l’instance de la vie sociale (CVS).
  • Si le conflit persiste, saisissez une association d’usagers ou le Défenseur des droits.

Mon conseil : formalisez chaque accord par écrit (plan de soins, rendez-vous, modifications). Ça protège votre proche et clarifie les responsabilités. L’implication familiale doit rester un soutien, pas une charge : définissez des limites et exigez que l’établissement prenne en charge la continuité des soins.

Choisir un service de soins en EHPAD qui respecte la dignité de votre proche demande du temps, de l’observation et des questions précises. Gardez ces repères :

  • observez les petits gestes (intimité, langage, adaptations) ;
  • vérifiez l’existence d’un projet de vie individualisé et d’un référent famille ;
  • demandez des preuves écrites des pratiques (protocoles douleur, contention, animation) ;
  • impliquez-vous en tant que partenaire et formalisez les engagements.

Checklist rapide avant décision :

  • J’ai noté 3 points positifs et 2 inquiétudes lors de la visite.
  • Le projet de vie a été expliqué et je peux y contribuer.
  • Un référent famille m’a été présenté.
  • Les protocoles de contention, de douleur et de suivi sont accessibles.
  • Il existe des réunions régulières et des comptes-rendus.

Je sais que la décision est lourde. Prenez votre temps, visitez plusieurs services, comparez avec votre checklist et faites-vous accompagner par une association ou un professionnel si besoin. Si vous souhaitez, je peux vous aider à préparer une visite : je vous propose une liste de questions sur mesure et une grille d’observation pour évaluer la dignité des soins. Vous n’êtes pas seul·e — et votre vigilance protège l’humanité du quotidien de votre proche.

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